SENLIS


VUE GÉNÉRAL DE SENLIS

SENLIS

ORIGINE ET GRANDS FAITS HISTORIQUES

Senlis est d'origine gauloise : ce fut la capitale des Sylvanectes. Les Romains l'entourèrent de fortifications dont une grande partie subsiste encore (voir p. 64).

Les premiers rois de France, attirés par les grandes chasses des environs, séjournèrent fréquemment à Senlis. C'est dans le Château (voir p. 63) que Hugues Capet fut élu roi par l'assemblée des seigneurs en 987. Les Capétiens revinrent souvent au berceau de leur dynastie et la ville leur doit ses principaux édifices.

Prise par les Jacques en 1358, assiégée par les Armagnacs en 1418, tombée aux mains des Anglais puis délivrée par Jeanne d'Arc en 1429, Senlis connut aux XIVe et XVe siècles de grandes vicissitudes.

Après Henri IV, qui s'intéressa beaucoup à Senlis et habita encore son vieux Château, les rois de France abandonnèrent peu à peu la ville au profit de Compiègne, Fontainebleau, Versailles.

Occupée en 1871 par les Allemands, elle rentre à nouveau dans l'Histoire en septembre 1914. Les combats autour de Senlis ont été exposés p. 6-7. L'incendie de la ville et les exécutions sommaires seront rappelés au cours de la visite (p. 40-54).


SENLIS AU XVIe SIÈCLE

CE QU'IL FAUT VOIR

A ne pas manquer : les Ruines de la guerre (p. 40-54), la Cathédrale (P. 55-61).

De grand intérêt : le CHATEAU (p. 63-65), SAINlT-FRAMBOURG (p. 62), SAINT-PIERRE (p. 62), les REMPARTS (p. 53), les ARÈNES (p. 67), SAINT-VINCENT (p. 66).

ITINÉRAIRE CONSEILLÉ POUR LA VISITE DE SENLIS
(Voir plan intercalé entre les p. 38-39)

La GARE offre une première vision des dégâts causés à la ville par les événements de septembre 1914. Elle fut incendiée le 3.

On prendra l'avene de la Gare qui conduit à la porte de Compiègne.

C'est par cette voie que les Allemands pénétrèrent dans Senlis, le 2 septembre, vers 3 heures de l'après-midi.

GARE INCENDIÉE

SOLDATS ANGLAIS SUR LA PLACE DE LA GARE (en sept. 19l4)

INTÉRIEUR DE LA GARE INCENDIÉE

Tandis qu'une partie de l'avant-garde faisait le tour de la ville en empruntant les boulevards et les remparts qui l'enserrent, d'autres groupes descendaient directement vers le sud par les deux artères qui traversent Senlis, assurant ainsi une exploration parfaite.

L'entrée de la RUE DE LA RÉPUBLIQUE a beaucoup souffert, comme le montrent les deux photos ci-dessous prises avant et après l'incendie du 2 septembre. A gauche, l'octroi est complètement brûlé, au centre l'hôtel du Nord et le restaurant Encausse sont en ruines.

ENTRÉE DE LA RUE DE LA RÉPUBLIQUE AVANT LA GUERRE

PRISONNIERS DEVANT LA GENDARMERIE (sept. 1914)

ENTRÉE DE LA RUE DE LA RÉPUBLIQUE APRÈS L'INCENDIE

Le bâtiment qui occupe la droite de la vue est la gendarmerie. Les prisonniers allemands qui apparaissent ci-dessus sont adossés au mur de cette caserne, C'étaient les quelques soldats restés dans Senlis après la victoire de l'Ourcq. Ils furent capturés par des zouaves et envoyés de Paris en automobile.

La rue de la République s'appelait encore, il y a quelques années, la rue Neuve-de-Paris, bien qu'elle datât de 1753! Elle avait été percée pour éviter à la cour de Louis XV le détour et la montée très raide de l'ancienne route qui empruntait la rue Vieille-de-Paris et la rue du Châtel.

Commençant à descendre la rue de la République, on rencontre la rue Bellon qui la traverse. On tournera à droite, à l'endroit représenté. sur la photo ci-dessous et on gagnera en quelques pas le CARREFOUR DE LA LICORNE. C'est là un des endroits les plus dévastés de la ville. La première vue a été prise pendant l'occupation : un cycliste allemand a été saisi au vol. Les autres vues montrent l'état des ruines en 1914 et l'état actuel.

CYCLISTE ALLEMAND A L'ENTRÉE DE LA RUE BELLON

RUE ROUGEMAILLE (en 1914)

RUINES DU CARREFOUR DE LA LICORNE

On revient à la rue de la République. Descendant pendant quelques mètres on apercevra, à droite, la maison calcinée dont le pignon apparaît sur la vue de la page suivante.

On arrive ensuite à hauteur de l'hôtel du Grand-Cerf dont on aperçoit l'enseigne sur la vue ci-dessous. L'état-major allemand y descendit et c'est sans doute pour cette raison qu'il est resté intact. Le maire de Senlis, M. Odent, y fut conduit le 2 septembre après son arrestation à l'hôtel de ville et avant d'être transporté à Chamant pour être fusillé. Le propriétaire de l'hôtel avant quitté la ville, les officiers allemands réquisitionnèrent un restaurateur et lui firent préparer un repas de trente couverts avec "glaces et champagne".

MAISON INCENDIÉE RUE DE LA RÉPUBLIQUE

INCENDIE RUE DE LA RÉPUBLIQUE

RUINES DE LA MAISON DU NOTAIRE

Les maisons qui font face à l'hôtel et qu'on voit brûlant encore sur la photo ci-dessus au milieu sont celles du juge de paix et du notaire.

En regardant au travers de la grille d'entrée de cette dernière propriété, on aura sous les yeux le spectacle de désolation que reproduit la vue ci-dessus, à droite.

Sur la gauche de la rue de la République, ou rencontrera le bâtiment qui servait de sous-préfecture et de PALAIS DE JUSTICE. Ce monument, ancien hôpital, datait du commencement du XVIIIe siècle. Le rapprochement des deux vues données ci-contre et ci-desssous montre l'oeuvre des incendiaires

PALAIS DE JUSTICE INCENDIÉ

PALAIS DE JUSTICE AVANT LA GUERRE

Toutes les ruines, qu'on vient de constater et qu'on observera plus loin ont été faites méthodiquement.

Les soldats chargés de cette besogne arrivaient en colonne; an coup de sifflet d'un officier, certains d'entre eux sortaient des rangs pour enfoncer les portes des habitations et les devantures des magasins; d'autres venaient ensuite et allumaient l'incendie avec des grenades et des fusées; enfin des patrouilles qui les suivaient lançaient avec leurs fusils des projectiles incendiaires dans les immeubles où le feu ne prenait pas assez vite.

RUE DE LA RÉPUBLIQUE (sept. 1914)

La vue ci-dessus a été prise pendant l'occupation. On y voit le personnel de la Croix-Rcuge procédant au transport des blessés entre l'hôpital trop plein, et le collège Saint-Vincent.

RUINES AU COIN DE LA RUE DU TEMPLE

Après avoir franchi la Nonette, on arrive sur la place où se joignent les rues de la République et Vieille-de-Paris.

A l'angle se trouve le DÉBIT SIMON dont la vue est donnée ci-dessous. Simon fut sans doute la première victime de l'occupation.

DÉBIT SIMON DONT LES ALLEMANDS TUÈRENT LE PROPRIÉTAIRE

Au milieu de l'après-midi,. une patrouille allemande, qui venait de boire dans le débit, reçut des coups de feu tirés par une arrière-garde française, encore attablée chez Simon quelques minutes auparavant.

Les Allemands se saisirent aussitôt du débitant, l'accusant d'avoir tiré et le fusillèrent sur place. D'autres prétendues représailles seront exercées dont le lecteur suivra plus loin le détail et qui causeront la mort de vingt civils inoffensifs.

La vue ci-dessous montre un coin de la place Saint-Martin sur laquelle se troupe le café Simon. Deux cyclistes allemands figurent sur la photo prise le 4 septembre 1914.

ALLEMANDS PLACE SAINT-MARTIN

On remarquera que celui de gauche a une bicyclette de dame qui ne provient certainement pas du magasin régimentaire.

RUINES FAUBOURG ST-MARTIN

Prenant la rue du Faubourg-Saint-Martin montrée ci-dessus, le touriste passera devant une jolie propriété (vue ci-dessous), ancien quartier des Gardes du Corps, qui a été complètement incendiée et dont les ruines produisent un effet saisissant.

PROPRIÉTÉ INCENDIÉE 17, FAUBOURG ST-MARTIN

En face est le Grand Quartier de Cavalerie brûlé en partie.

Plus loin encore est l'HOPITAL, à la sortie de la ville. C'est la que le combat fut le plus violent. Les avant-gardes allemandes, refoulant les soldats français attardés faubourg Saint-Martin furent accueillies par le feu des mitrailleuses postées hors de la ville, le long de la route.

ÉQUIPEMENTS ABANDONNÉS PENDANT LA BATAILLE

Les Allemands pénétrèrent dans l'hôpital et dans les jardins voisins, essayant de déborder les défenses françaises qu'ils croyaient localisées à la route, mais un feu meurtrier, parti des tranchées transversales, les fit refluer.

Furieux, ils s'emparèrent de passants et les firent marcher au milieu de la chaussée, alors qu'eux-mêmes rasaient les murailles.

Parmi les otages se trouvaient une dame Dauchy et sa fillette. Cette dernière reçut une balle dans la jambe. Georges Leymarie fut tué; un de ses compagnons, Levasseur, qui transportait son cadavre sur le trottoir, le long du mur de l'hôpital, subit le même sort. Deux autres otages, Audibert et Minouflet, ce dernier blessé, avaient également gagné le trottoir de l'hôpital. Un officier allemand déchargea un coup de revolver sur Audibert et le laissa pour mort; il ordonna à Minouflet de montrer ses blessures et, ne les trouvant pas suffisantes, lui tira une balle dans l'épaule. Trois autres personnes tombèrent, Les cris déchirants des victimes arrivèrent jusqu'aux Français qui cessèrent le feu. Les otages survivants se glissèrent alors le long des arbres de la route, sous le feu allemand, jusqu'aux lignes françaises. Les Allemands en profitèrent pour attaquer à nouveau, mais ils furent refoulés.

L'hôpital, placé au centre du combat, ne fut pas épargné. Un officier allemand, blessé par les premiers coups de feu, y pénétra et rencontrant sur le pas de la porte un vieillard hospitalisé, M. Maumus, l'abattit froidement d'un coup de revolver.

TRACES DE BALLES ALLEMANDES A L'HOPITAL

La salle des blessés français et marocains fut mitraillée, comme le montre la photo ci-dessus. Par un hasard extraordinaire aucun ne fut atteint. le christ resta également intact au centre d'une couronne de balles.

Revenant sur ses pas, le touriste prendra à droite la rue des Jardiniers, d'où il aura une belle vue d'ensemble sur la ville. Tournant toujours à gauche, il passera sous la porte de Meaux et prendra la rue de Meaux qui borde le collège SAINT-VINCENT (p. 66). (S'il est à pied, il pourra prendre avec avantage, au lieu de la rue des Jardiniers, la ligne des remparts Bellevue et Saint-Vincent. A la porte de Meaux, il descendra par l'escalier dans la rue de Meaux.) Revenu à la rue de la République, le touriste la remontera jusqu'à la rue Odent qui longe l'hôtel du Grand-Cerf. Par cette rue, il arrivera à la place de la Halle, prolongée à droite par la rue Saint-Hilaire qui conduit à l'église SAINT-PIERRE (Voir p. 62).

TRACES D'OBUS SUR LA CATHÉDRALE (Cliché M. H.)

De la place Saint-Pierre, on prend à gauche la petite rue aux Flageards qui passe devant le portail nord de la Cathédrale dont la vue est donnée ci-dessus. La tour de droite et la flèche ont reçu plusieurs obus.

Continuant par la place Mauconseil et tournant à gauche dans la rue Villevert, on arrive à la charmante place qui s'étend devant le parvis de la CATHÉDRALE.

(Voir p. 55-61 pour les renseignements artistiques sur la Cathédrale. Nous n'exposons ci-après que les incidents de septembre auxquels elle a été mêlée).

Dans la journée du 2 septembre 1914, une cinquantaine d'obus atteignirent la vieille église et causèrent des dommages assez sérieux, comme le montrent. les photos ci-après.

Le curé de la Cathédrale, l'abbé Dourlent, avait parcouru les rues de Senlis pendant le bombardement et fait conduire hors de la ville par un de ses vicaires 125 habitants qui n'avaient pu trouver de refuge dans les caves. Rentré à son presbytère qui se trouve au pied de la tour (c'est la maison visible sur la photo de la page 56, à droite, derrière les deux arbres), le curé entendit, peu après l'entrée des Allemands dans la ville, des coups violents et répétés venant de la Cathédrale. Sortant sur la place, il aperçut des cyclistes, armés d'un fort débris d'une statue projetée à terre par un obus, qui venaient d'enfoncer la petite porte de la Cathédrale (celle de droite sur la vue de la page 56) D'autres, la hache à la main, s'attaquaient à la porte du clocher placée sur le côté sud de la tour. Les Allemands se précipitèrent sur le curé, le revolver à la main, et leur chef le somma de les conduire au sommet du clocher, l'accusant d'y avoir laissé placer des mitrailleuses qui auraient tiré sur les Allemands. Comme ils mettaient le pied sur le premier degré, les premiers coups de feu tirés au bas de la ville retentirent. Les soldats bondirent et déclarèrent au curé qu'il était prisonnier.

DÉBRIS AU PIED DES TOURS DE LA CATHÉDRALE (Cliché M. H.)

TRACES D'OBUS SUR LA CATHÉDRALE (Cliché M. H.)

TRACES D'OBUS SUR LA CATHÉDRALE (Cliché M. H.)

La visite du clocher confirma la déclaration de l'abbé Dourlent que personne n'était monté et qu'aucune installation militaire n'avait jamais été faite. La troupe se retira. Mais quelques instants après, le concierge de l'hôtel de ville apporta au curé l'ordre de se rendre immédiatement comme, otage à l'hôtel du Grand-Cerf.

Quand il arriva, l'état-major était parti, emmenant le maire qui devait être fusillé dans la soirée.

L'incendie était déjà commencé; le curé vit jeter les engins incendiaires dans les maisons qui font face à l'hôtel et que montre la photo de la page 43. Il rentra alors au presbytère, puis retourna au Grand-Cerf pour connaître le sort qui lui serait décidément fait.

C'est là qu'un officier supérieur allemand, parlant français, lui dit ces quelques mots qui projettent la lumière sur les événements de Senlis :

"Pauvre curé, pauvre Senlis, les civils ont tiré sur nous et nous avons été fusillés du haut de la tour de votre église, aussi Senlis est condamné. Vous voyez cette rue qui flambe (la rue de la République). Eh bien! celle nuit même, la ville elle-même va être entièrement brûlée. Nous avons l'ordre de faire de Senlis un nouveau Louvain. Il faut pour Paris et la France entière un exemple terrible."

Le curé plaida de toute son âme la cause de la ville et l'officier promit d'intervenir auprès du commandement supérieur pour que l'arrêt ne soit pas mis à exécution totale.

Soit qu'il ait obtenu gain de cause, soit que l'abandon de la marche directe sur Paris ait rendu d'utilité moins immédiate le rôle d'épouvantail qu'on voulait faire jouer à la paisible petite ville, l'incendie fut localisé à la rue de la République et au quartier de la Licorne.

Le touriste visitera la Cathédrale (voir p. 55-61), SAINT-FRAMBOURG (p. 62), le CHATEAU (p. 63-65) et descendra ensuite la vieille rue du Châtel.

ABBÉ DOURLENT

C'est dans cette rue qu'eut lieu l'attentat de 1789 resté célèbre dans les annales de Senlis. L'horloger Billon, voyant passer sous ses fenêtres la compagnie de l'Arquebuse d'où il avait été chassé comme usurier, tua à coups de mousquet le commandant et plusieurs personnes. Traqué dans sa maison, il recula de pièce en pièce, en continuant de faire des victimes. Au moment où l'on s'emparait de lui, la mine qu'il avait préparée éclata, détruisant sa maison et laissant vingt-six morts et quarante blessés.

La rue du Châtel aboutit à la place Henri-IV dont l'HOTEL DE VILLE occupe le coin. Sa façade (vue ci-dessous) date de 1495. Au-dessus de la porte est le buste de Henri IV qu'accompagne une inscription prise dans les lettres patentes envoyées par le roi à Senlis en remerciement de sa résistance aux Ligueurs :

Mon heur a prins son commencement en la ville de Senlis, dont il s'est depuis semé el augmenté par tout le royaume

HOTEL DE VILLE

La place Henri-IV reçut les premiers obus du bombardement qui tuèrent un pompier de garde à l'hôtel de ville. Quand les Allemands pénétrèrent dans Senlis, un officier supérieur se rendit à l'hôtel de ville et fit demander le "bourgmestre". Le maire, M. Odent, se présenta.

Depuis trois générations. les Odent étaient maires de Senlis. Le grandpère du maire actuel se distingua pendant l'épidémie de choléra de 1832; son père fut saisi comme otage en 1870 et n'échappa que de peu à la fusillade

La veille de l'occupation, M. Odent avait conduit sa famille à Paris et, de retour à Senlis, avait écrit à M. Cultru, doyen du conseil municipal, ces quelques mots sur une carte

"J'ai enfin mis ma femme en sûreté, je suis maintenant tout à Senlis." M. Odent avait le pressentiment qu'il ne sortirait pas vivant des mains allemandes; fervent catholique, il avait accompli ses devoirs religieux en vue d'une mort prochaine et il avait attaché sur sa poitrine un crucifix.

DERNIÈRE PHOTO DE M. ODENT (au centre)

Nous donnons ci-dessus la dernière photographie qui ait été faite de M. Odent. Elle fut prise le 5 août 1914, au cours d'une fête militaire, M. Odent est au centre.

Le maire reçoit les reproches véhéments de l'officier au sujet de l'aspect désert de la ville --- à peine 1.000 habitants sur 7.000 sont restés et pendant le bombardement les maisons et boutiques se sont fermées; --- on lui fait également grief de l'absence de proclamations invitant les habitants à déposer leurs armes à la mairie et à n'offrir aucune résistance...

M. Odent invoque la rapidité des événements, les habitudes pacifiques de la vieille cité. Il est néanmoins conduit à l'hôtel du Grand-Cerf où se tient l'état-major.

Presque aussitôt, les premiers coups de feu tirés par l'arrière-garde française partent du bas de la ville. L'officier, furieux, déclare au maire qu'il le rend responsable et que sa tête répond de la vie des soldats allemands.

Le secrétaire de la mairie propose à M. Odent d'aller chercher les adjoints, mais il refuse, disant : "Ce sera assez d'une victime."

Du Grand-Cerf, l'otage résigné est transporté à Chamant (voir p. 68). Il est brutalisé, on lui arrache ses gants pour les lui jeter au visage, on lui prend sa canne et on l'en frappe violemment à la tête.

En compagnie de quelques autres otages, M. Odent passe plusieurs heures dans l'attente cruelle du destin. Enfin, vers onze heures du soir, on les fait comparaître devant plusieurs officiers. Après les avoir mis à la position militaire, on leur ordonne de s'allonger à plat ventre, les mains en avant, puis on leur fait prendre à nouveau la position militaire. Persuadés qu'ils ont ainsi affirmé leur prestige, les officiers procèdent pour la forme à l'interrogatoire du maire et persistent, malgré toutes ses dénégations, à l'accuser d'avoir fait tirer sur les troupes allemandes. Ils le préviennent qu'il va être fusillé.

SOLDATS ALLEMANDS PHOTOGRAPHIÉS A SENLIS

M. Odent revient alors vers ses compagnons de captivité, leur remet ses papiers et son argent, leur serre les mains et, très dignement, leur fait ses adieux Il retourne ensuite auprès des officiers. Sur l'ordre de ceux-ci, deux soldats l'entraînent à une dizaine de mètres et lui mettent deux balles dans la tête.

TOMBE DE M. ODENT A CHAMANT

Le sol, hâtivement creusé, reçoit le corps sous une couche de terre si mince que les pieds n'en sont pas recouverts. C'est à cet endroit qu'a été élevée la croix que montre la photo ci-dessus. Le touriste pourra s'y rendre en passant à Chamant (voir p. 68). Quelques heures avant la mort du maire, un groupe de six autres otages avait été fusillé et enterré dans le même champ. Les compagnons de M. Odent furent plus heureux, ils furent renvoyés le lendemain à Senlis. Le 12 septembre, les corps du maire et des six autres victimes furent exhumés et transportés dans le cimetière de la ville (voir p. 54). D'autres otages échappèrent de peu à la mort : saisis vers 8 heures du soir dans la boutique du tailleur qui se trouve au coin de la rue du Châtel, en face de l'hôtel de ville, trois habitants auxquels, sur le trajet, furent ajoutés une douzaine d'autres, furent conduits à Chamant; ils allaient partager le sort des otages précédents, quand l'un d'eux qui parlait allemand réussit à arracher à l'état-major leur mise en liberté.

Par la rue Vieille-de-Paris qui prolonge la rue du Châtel, on descend vers la basse ville. (En 1358 les Jacques, maîtres de Senlis, y refoulèrent les Nobles qui avaient pénétré dans le bas de la rue en faisant rouler sur la pente des chariots lourdement chargés qui culbutèrent tout sur leur passage.)

En face de l'ancien couvent des Carmes, au 3 de la rue Vieille-de-Paris, se trouve l'établissement de bains MÉGRET auquel est adjoint un débit. Des Allemands, dans l'après-midi du 2 septembre, enfoncèrent la porte et réclamèrent à boire. C'est sans doute au même moment que d'autres soldats allemands entraient, un peu plus loin, dans le débit Simon (voir p. 45). Le destin de ces deux commerçants fut semblable : Mégret avait à peine servi à la patrouille une dizaine de bouteilles de vin qu'un coup de feu, tiré à bout portant, le coucha à terre.

On trouvera p. 51, à titre documentaire, les traits de trois jeunes soldats allemands appartenant à cette colonne d'incendiaires et de meurtriers qui causa tant de dommages a Senlis. Ils obligèrent, sous menace, le photographe M. Rozycki, à qui sont dues celles des vues qui ont été prises pendant l'occupation, à faire le cliché que nous reproduisons.

Peu après le couvent des Carmes, transformé en caserne, dont l'église sert de magasin d'habillement, on prendra, à droite, la ligne des remparts qui va de la rue Vieille-de-Paris (à l'endroit où se trouvait la porte de Paris), à la place de Creil (où s'ouvrait la porte du même nom). Ces remparts furent exécutés aux XIIIe et XIVe, siècles et renforcés aux XVe et XVIe. Le premier tronçon s'appelle le REMPART DES OTAGES en souvenir de l'exécution de 1418, lors de la lutte entre les Bourguignons, qui occupaient Senlis, et les Armagnacs qui l'assiégeaient.

La ville, réduite à la famille, devait se rendre le 18 avril si elle n'avait été secourue et six otages avaient été livrés en garantie : deux abbés, deux nobles, deux bourgeois. Les secours furent signalés en cette journée du 18; les Armagnacs, avant de s'éloigner, décapitèrent quatre otages au pied des remparts sur lesquels se trouve le touriste. En réponse, les assiégés jetèrent du haut des murailles les têtes de vingt prisonniers faits au cours d'une sortie.

Six siècles ont passé depuis, mais on a vu que les Allemands ont conservé vis-à-vis des otages la mentalité du moyen âge.

TABLEAU A L'HOTEL DE VILLE (exécution des otages en 1418)

Un tableau de Mélingue reproduit ci-dessus, qui se trouve à l'hôtel de ville, commémore l'exécution des otages senlisiens.

Le rempart qui suit s'appelle le MONTAUBAN, du nom de la tour carrée qui y fut ajoutée en 1588. C'est dans ses fossés que s'exerçaient les membres de la Compagnie de l'Arbalète. Le chef de la Compagnie, le "roi de l'Arbalète", avait été exempté d'impôt par Henri III et depuis cette époque lointaine le tir à l'arbalète a toujours été en honneur à Senlis. Certaines fêtes ont réuni jusqu'à 4.000 archers tant de la ville que des environs.

Du rempart, l'aspect du vieux Senlis qui s'étage au pied de la Cathédrale est particulièrement pittoresque.

TOMBES DE SOLDATS AU CIMETIÈRE

MONUMENT DES OTAGES AU CIMETIÈRE

De la porte de Creil où l'on débouche après avoir parcouru les remparts, ou pourra visiter les ARÈNES (voir p. 67). On prendra ensuite l'avenue Vernois, au bout de laquelle on apercevra l'entrée du cimetière. Le monument consacré à la mémoire des otages assassinés en septembre 1914, que reproduit la vue ci-dessus (à droite), se trouve dans la partie ouest. La tombe des soldats tombés au cours des combats de Senlis est dans la partie nord (vue ci-dessus, à gauche). Le boulevard Pasleur qui fait suite à l'avenue Vernois offre une jolie vue sur la campagne.

Au coin de la rue Saint-Joseph est un couvent où soixante-dix soeurs étaient restées pendant l'occupation. Des Allemands se firent ouvrir la porte et demandèrent du vin: "Oh ! répondit la supérieure, les religieuses ne boivent que du coco!"

Le touriste se retrouve à la porte de Compiègne d'où nous l'avons fait partir pour la visite de ici ville. C'est également le point de départ de l'itinéraire qui le conduira à Meaux. (Voir p. 68).

 

SENLIS, VILLE D'ART

(Voir plan intercalé entre les p. 38-39)

La Cathédrale Notre-Dame (monument historique)

La Cathédrale fut commencée en 1153 sur l'emplacement d'une église détruite et reconstruite plusieurs fois depuis le IIIe siècle. La construction fut longue, les fonds manquant souvent malgré l'aide apportée par les rois de France ; des quêteurs furent obligés, à différentes reprises, de parcourir le pays pendant plusieurs années consécutives pour procurer des ressources à l'évêque.

La consécration de l'église non terminée eut lieu en 1191.

Vers 1240, on éleva le tran sept et on bâtit la flèche qui fait encore l'orgueil de Senlis.

En 1504, la foudre mit le feu à la Cathédrale qui brûla pendant deux jours. Par bonheur, la flèche put être sauvée. La reconstruction de toutes les parties hautes et des façades du transept dura jusqu'en 1560 et transforma complètement l'aspect de l'édifice.

Pendant la Révolution, elle fut utilisée comme salle de bal, puis comme magasin à fourrages. Elle fut rendue au culte en 1801.

On a vu (p. 48), que la Cathédrale ne fut pas épargnée par les obus allemands le 2 septembre 1914 et que son curé faillit partager le destin tragique du maire.

La vue ci-dessous à, droite, est prise du haut du clocher de l'église Saint-Pierre.

CATHÉDRALE (Cliché M. H.)

CATHÉDRALE VUE DU CLOCHER DE ST-PIERRE

Au premier plan s'aperçoivent les bâtiments de l'ancien évêché qui reposent sur l'enceinte gallo-romaine. Une des tours de cette enceinte a été utilisée dans la construction.

Senlis ne fut plus siège d'évêché à partir de 1790. Un musée archéologique est maintenant installé dans la vieille demeure des évêques.

La façade ouest de la Cathédrale, qui échappa à l'incendie de 1504, a conservé le caractère simple et nu de l'église du XIIe siècle et contraste singulièrement avec la richesse des façades latérales élevées au XVIe siècle.

Le grand portail, qui sera décrit plus loin en détail, est flanqué de deux petites portes surmontées d'un tympan dont les arcades forment une curieuse décoration.

Les deux tours étaient primitivement semblables. C'est au milieu du XIIIe siècle que celle du sud fut surmontée de sa flèche.

La FLÈCHE est un chef-d'œuvre de l'art ogival et fait depuis près de sept siècles l'admiration des architectes et archéologues, par la science, I'audace et la solidité de sa construction qui a résisté au feu, aux intempéries et aux obus allemands.


LA FLÈCHE DE LA CATHÉDRALE

Son sommet est à 78m50 au-dessus du sol. Octogonale, elle repose sur la base carrée de la tour.

La transition du carré à l'octogone est dissimulée par les quatre clochetons à, trois colonnettes qui occupent les quatre angles du carré.

La partie supérieure de la flèche est percée de huit lucarnes très ornées; des crochets saillants garnissent les arêtes de la pyramide.

Toutes ces dispositions décèlent l'art profond de l'architecte qui a su couper la monotonie des longues lignes inclinées de la flèche, sans les alourdir.


PLACE DU PARVIS

La petite place du Parvis que montre la vue ci-dessus est charmante dans son décor archaïque.

La construction qu'on aperçoit à gauche sur la vue est l'ancien hôtel de la famille de Vermandois, remanié au XIVe siècle. On pourra faire quelques pas dans la cour du vieux logis en passant par la porte qu'on aperçoit entre deux grands arbres.

Entre l'hôtel de Vermandois et l'église se distingue la salle capitulaire (voir p. 61).

PORTAIL OUEST DE LA CATHÉDRALE

Le PORTAIL, du XII' siècle, a été mutilé pendant la Révolution. Les grandes statues furent décapitées et ont été restaurées depuis. Les bas-reliefs ont beaucoup souffert.

C'est le premier portail consacré à la Vierge. Ses dispositions ont servi de modèle pour les portails des cathédrales de Chartres, de Reims, d'Amiens et de Notre-Dame de Paris.

Le bas-relief du linteau, reproduit ci-dessous, représente, dans sa partie gauche, la Mort de la Vierge. Cette partie est fort abîmée. Les apôtres entourent le lit où la Vierge est étendue, deux d'entre eux balancent des encensoirs. Deux anges ailés emportent l'âme de la Vierge figurée par un nouveau-né enveloppé dans un lange.

LINTEAU DU PORTAIL DE LA CATHÉDRALE

La partie droite, qui représente la Résurrection de la Vierge, est en bien meilleur état. Un ange se prépare à couronner Marie que trois autres soulèvent de son lit, tandis qu'un quatrième se penche pour mieux voir au-dessus des précédents.

Toutes ces sculptures présentent une vérité et une liberté d'attitudes dont on trouve très peu d'exemples au XIIe siècle.

Au-dessus du linteau, dans le tympan, est le Triomphe de la Vierge dont l'exécution est loin de valoir celle du linteau,

Dans les niches des voussures sont sculptés les patriarches, les prophètes et les rois de Juda.

Les huit grandes statues qui flanquent la porte représentent des personnages de J'ancien Testament. Celui qui est le plus près de la porte, dans la partie gauche, est Abraham. Il tient son fils par les cheveux et se prépare à lui trancher la tète, mais un ange retient son glaive.

Sous les socles des grandes statues se trouve un CALENDRIER. On appelle ainsi une suite de scènes symboliques qui personnifient les douze mois de l'année ou les saisons. Celui de Senlis est sculpté avec beaucoup de verve.

CALENDRIER DE LA CATHÉDRALE (droite)

1.

janvier

Le mois des festins. Le paysan, assis à table, s'apprête à boire.

2.

février

Les travaux chôment: le paysan est au coin du feu.

3.

mars

Les travaux recommencent: le paysan bêche.

4.

avril

Avec le printemps, le temps est venu de soigner les arbres.

5.

mai

Le seigneur, son faucon sur le poing, part pour la chasse.

6.

juin

Le paysan fauche ses prés.

7.

juillet

C'est le commencement de la moisson.

CALENDRIER DE LA CATHÉDRALE (gauche)

8.

août

Le paysan bat le grain.

9.

septembre

Le paysan fait la vendange.

10.

octobre

Le paysan rentre ses récoltes.

11.

novembre

Le paysan tue son cochon.

12.

décembre

Le paysan met des galettes au four pour les fêtes de fin d'année

La face sud de la Cathédrale n'a pas l'unité de la façade ouest.

FAÇADE SUD DE LA CATHÉDRALE

L'abside a conservé sa partie basse du XIIe siècle avec ses chapelles rayonnantes et, au-dessus, les petites fenêtres plein-cintre des tribunes. La partie supérieure de l'église est du XVIe siècle. La riche façade du transept est également du XVIe siècle.

La vue ci-dessous montre en détail cette FAÇADE SUD DU TRANSEPT dont l'auteur est Pierre Chambiges. fils et élève de Martin Chambiges. Ce dernier travailla aux cathédrales de Beauvais, de Sens et de Troyes, et son fils s'inspira de ses travaux dans l'exécution de l'œuvre qui lui était confiée à Senlis; ceci explique les grandes ressemblances qu'on remarque entre diverses parties de ces édifices.

FAÇADE SUD DU TRANSEPT DE LA CATHÉDRALE

En comparant le portail sud à la façade occidentale, on pourra mesurer le chemin parcouru par le style ogival al depuis le XIIe siècle, où sa sobriété et sa simplicité de lignes tiennent encore à l'art roman, jusqu'au XVIe où la riche décoration flamboyante jette ses derniers éclats, laissant la place à l'art de la Renaissance que les guerres d'Italie viennent de mettre à la mode.

Ce bel ensemble souffre du voisinage de la sacristie polygonale qu'on a élevée à sa droite et qui a été refaite au XIXe siècle. On en voit une partie sur la vue ci-dessus et on peut juger plus complètement de l'effet disgracieux qu'elle produit sur la vue générale de la paye précédente.

LA FAÇADE NORD DU TRANSEPT présente les mêmes dispositions générales que celle du sud, mais elle est moins richement ornée.

FAÇADE NORD DU TRANSEPT DE LA CATHÉDRALE

Sur le fronton qui surmonte l'entrée sort sculptés la salamandre et l'F de François Ier. Sur celui du sud figurent les armes de France.

Le touriste ne devra pas manquer de jeter un coup d'oeil sur ce côté nord de la Cathédrale qui est très pittoresque.

Sur la tour du nord, On voit encore les traces des obus allemands. La photo du bas de la page 49 les montre clairement.

E, Escaliers d'accès aux tribunes.
G, chapelle du transept (voûte à clefs pendantes).
M, bas-côtés du Choeur.
O, chapelles rayonnantes du XIIe siècle (vitraux modernes).

PLAN DE LA CATHÉDRALE

A, toiture de la nef. B1, B2, B3, B4, transept.

C, contreforts contre-butant la voûte de la nef par l'intermédiaire des arcs-boutants.

D, premiers bas côtés de la nef et déambulatoire.

G, deuxième bas-côtés de la nef.

T, tribunes faisant le tour de l'église.

COUPE DE LA CATHÉDRALE

Les tribunes de la Cathédrale sont parmi les plus belles de France. La vue ci-dessuos, prise des tribunes du choeur qui donnent sur la partie sud du transept, montre en enfilade les tribunes de la nef. Pour monter à ces tribunes, demander la clef à la sacristie.

TRIBUNES DE LA CATHÉDRALE

Dans la chapelle qu'on aperçoit à droite en rentrant dans l'église par le portail sud, on remarquera les clefs pendantes de la voûte dont la vue est donnée ci-dessous.

CLEFS PENDANTES DE LA CATHÉDRALE

Dans la salle capitulaire qui se trouve à l'extrémité nord-ouest de la Cathédrale (voir le plan p. 60), on pourra voir le curieux chapiteau de la colonne centrale sur lequel est sculptée une fête des fous.

La vue ci-dessous en donne un fragment. Deux personnages jouent de l'orgue, celui de droite actionnant les soufflets; un autre personnage frappe avec un bâton sur un tambourin qu'il tient entre ses jambes; sur le reste du chapiteau, d'autres figurants sont entraînés dans la danse

CHAPITEAU DE LA SALLE CAPITULAIRE (Cathédrale)

Dans la salle capitulaire se tenaient les chanoines de la Cathédrale.

Église Saint-Frambourg (monument historique)

Se trouve dans une petite rue qui s'ouvre au sud de la place de la Cathédrale. on aperçoit l'église de la place.

Elle fut fondée par la reine Adélaïde, femme de Hugues Capet, sur l'emplacement d'un temple romain.

SAINT-FRAMBOURG

Reconstruite aux XIIe XVIIIe siècles, transformée en temple de la Raison pendant la Révolution, elle sert actuellement d'atelier à un menuisier.

Sur la façade, on distingue l'emplacement d'une grande rose qui n'a pas été terminée. Sur le côté gauche de la façade s'élevait une tour qui a été démolie.

L'église n'a plus de toiture au-dessus des voûtes.

Pour visiter l'intérieur composé d'une nef unique aux proportions élégantes, s'adresser au menuisier. L'entrée de l'atelier se voit à gauche de la photo.

Église Saint-Pierre (monument historique)

Marché les mardis et vendredis. Pour monter au sommet du clocher ou pour visiter aux heures où le marché n'a pas lieu, s'adresser au concierge, dans le bâtiment du Tribunal, sur la place.

Cette vieille ville de Senlis est si riche en souvenirs du passé qu'elle emploie ses anciens monuments religieux à des fins toutes profanes. On a vu plus haut que Saint-Frambourg abrite un menuisier, Saint-Pierre sert de marché, une autre église sert de théâtre, une quatrième de musée, d'autres encore de magasin d'habillement, de grange. Cinq ont disparu complètement: quant à l'abbaye de Saint-Vincent, elle est transformée en collège.

Saint-Pierre fut fondée en 1029 et reconstruite du XVIIIe au XIVe siècle.

La voûte de la nef avait été commencée en pierre mais fut achevée en charpente. La façade date du XVIe siècle et rappelle l'oeuvre de Pierre Chambiges à la Cathédrale.

Le clocher de droite date du XVIIe siècle. Sur la plate-forme supérieure, on jouit d'une vue admirable sur la ville et les forêts qui l'entourent.

Il existe un autre clocher plus ancien dont la base provient de l'église romane primitive. La flèche dont on aperçoit l'extrémité sur la vue ci-contre fut ajoutée au XVe siècle.

SAINT-PIERRE

Le Château (monument historique)

Le château appartient au comte Turquel de la Boisserie qui en permet la visite. Demander l'autorisation à la concierge.

ENTRÉE DU CHATEAU ET HOTEL DES TROIS-POTS

L'entrée, montrée sur la vue ci-contre, est rue du Châtel, tout près de la place du Parvis-Notre-Dame. Sur le côté gauche, se trouve l'ancien hôtel des Trois-Pots, ainsi appelé de l'enseigne qu'on aperçoit à hauteur du premier étage et constituée par trois pots que remplit un filet d'eau.

RUINES DE LA CHAPELLE DU CHATEAU

CHATEAU ET PRIEURÉ ST-MAURICE

Cette vieille demeure évoque toute l'histoire de France depuis la conquête gallo-romaine jusqu'à Henri IV.

Le château proprement dit, dont une partie subsiste et est visible à gauche sur la photo ci-dessus (à droite), s'éleva sur l'emplacement d'un ancien fort romain. Au pied passait l'enceinte de la ville dont faisaient partie la muraille qui clôture de ce côté, la propriété et la tour qui flanque la face nord des constructions.

Les rois mérovingiens et carolingiens vinrent fréquemment habiter le château, situé au centre de leurs chasses favorites.

Il fut le théâtre de nombreux événements historiques : Pépin, duc d'Aquitaine petit-fils de Charlemagne, y mourut empoisonné; Baudoin de Flandre y enleva la fille de Charles le Chauve. En 987, le dernier Carolingien étant mort au cours d'une chasse, les seigneurs français se réunirent dans le château et élirent roi Hugues Capet dont la dynastie régna en France jusqu'à la Révolution. Philippe-Auguste y célébra son retour de noces avec Élisabeth de Hainaut. Saint Louis y fonda le prieuré Saint-Maurice. Pendant la guerre de Cent ans, Catherine de France y épousa, en 1420, Henri V d'Angleterre. A partir de Henri IV, le château, trop délabré, fut peu à peu abandonné. On y rendit encore la justice jusqu'à l'écroulement de la salle d'audience au XVIIIe siècle.

L'intérieur du château est en ruines. On pourra y voir une salle, appelée chambre de Henri IV, qui est reproduite à la page suivante. Elle date du XVIIIe siècle. Elle est couverte d'une belle charpente. La cheminée a été transformée au XVe siècle, mais le gros conduit de fumée à section circulaire est resté tel qu'il était au XIIIe siècle. A gauche de cette cheminée, se distingue encore une fenêtre du XIIIe, maintenant bouchée. Celle du fond est du XVIe.

Adossées à la muraille, on voit sur la photo des pierres tombales; sur un fragment placé contre la cheminée, ou voit les armes de Diane de Poitiers (caractérisées par le croissant); les deux boulets sont en pierre; ce sont ceux que lançaient les catapultes et les premières bombardes.

ENCEINTE ROMAINE

CHAMBRE DE HENRI IV DANS LE CHÂTEAU

Il ne reste que des débris de la chapelle construite au début du XIIe siècle, la vue en est donnée à la page 63. Elle était située au premier étage : on voit encore une arcade plein cintre de la nef, dans la partie droite. Le rez-de-chaussée voûté en berceau formait passage.

Le prieuré de Saint-Maurice, dont subsiste un bâtiment couvert de lierre, visible à droite de la photo du haut de la page précédente, fut fondé par saint Louis en l'honneur de saint Maurice qui commandait la légion thébaine massacrée sous Dioclétien pour ne pas avoir voulu adorer les faux dieux. Le roi avait pu obtenir en 1234 du curé de Saint-Maurice en Valais les corps de plusieurs de ces martyrs.

Une église, bâtie sur le modèle de la Sainte-Chapelle de Paris, avait été édifiée pour abriter les reliques. Elle fut détruite pendant la Révolution.

Passant sous l'enceinte romaine, par un chemin souterrain, on arrive dans l'ancien fossé transformé en jardin potager. On a de cet endroit, une vue très intéressante sur la muraille et les tours romaines, la Cathédrale et le Château. La photo du bas de la page précédente en donne une idée.

L'enceinte romaine se continue vers la Cathédrale, passe à son chevet, de là à Saint-Frambourg et l'ovale rejoint le château par la place de la Halle, la rue aux Fromages et la rue du Puits-Tiphaine. Elle mesurait 312 m. au grand diamètre et 242 m. au petit diamètre, 28 tours garnissaient les murailles qui avaient 7 m. de haut sur 4 m. d'épaisseur.

La ville, ayant grandi, étouffa dans le cadre de la cité romaine; les nouveaux remparts furent élevés du XVIIIe au XVIe siècle; le touriste en a précédemment parcouru une partie.

La plate-forme du fort romain, auquel a succédé le château, se trouvait sur la partie qui forme le coin de la propriété avec la rue Villevert. L'étroit passage, pratiqué dans l'épaisseur du soubassement par lequel on y accède, desservait les cachots. C'est dans l'un d'eux que, vers 870, mourut Pépin, roi d'Aquitaine, emprisonné par ordre de Charles-le-Chauve contre lequel il s'était révolté.

Des souterrains reliaient le château à certains points importants. On prétend qu'ils conduisaient jusqu'au château de Montépilloy (voir p. 69) et à l'abbaye de Châalis (voir p. 72).

Ancienne Abbaye Saint-Vincent

Pour visiter, s'adresser au concierge rue de Meaux.

ABBAYE ST-VINCENT

L'abbaye de Saint-Vincent fut fondée en 1065 par Anne de Russie, femme du roi de France Henri 1er, en exécution d'un vœu.

L'église de l'abbaye fut reconstruite au XVIIe siècle. Le clocher, qui date de cette époque, est sur plan carré, à deux étages de lucarnes très allongées groupées par deux sur chaque face, ce qui donne beaucoup de légèreté à l'ensemble.

Les autres bâtiments de l'abbaye ont été reconstruits au XVIIe siècle. A l'intérieur existe un cloître intéressant, à colonnade dorique que montre la figure ci-dessous.

LE CLOITRE DE L'ABBAYE

L'abbaye fut transformée, après la Révolution, en hôpital, puis en caserne et en filature. Elle constitue depuis 1836 le collège Saint-Vincent, qui compta parmi ses élèves le maréchal Canrobert et le poète José-Maria de Heredia.

Dans les caves de l'abbaye se réfugièrent de nombreux habitants de Senlis pendant le bombardement du 2 septembre 1914. Bientôt, l'hôpital étant trop petit pour contenir les blessés, Saint-Vincent servit d'annexe. On voit sur la photo de la page 44 le transport qui s'effectue par les soins de la Croix-Rouge en septembre 1914. Après le départ des Allemands, l'hôpital temporaire a subsisté, ce qui explique la présence des blessés qui figurent au premier plan de la vue ci-dessous.

ENTRÉE DE L' L'ABBAYE (RUE DE MEAUX)

Les Arènes (monument historique)

Le grillage qui est à l'entrée du chemin conduisant de la place de Creil aux Arènes est parfois fermé à clef. Demander cette clef au Synicat d'Initiative (hôtel du Grand-Cerf).

ENTRÉE DES ARÈNES

Les arènes furent découvertes en 1864. Elles doivent remonter au IIIe siècle. Les gradins entourent une piste mesurant 42 m. sur 35 m. Deux grandes entrées, qui étaient voûtées, donnent sur l'arène à chaque extrémité du grand axe. Sur l'autre axe sont ménagées deux petites chambres qui étaient sans doute réservées aux gladiateurs. Sur celle du sud, on remarque des niches creusées dans la muraille, qui devaient servir d'armoires.

VUE DES ARÈNES


 De Senlis à Meaux

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