QUATRIÈME JOURNÉE

DE REIMS A CHATEAU-THIERRY

PAR ÉPERNAY

Sortir de Reims par l'avenue de Paris, puis la N. 31. Direction de Fismes. Au premier carrefour, prendre à gauche le chemin qui mène à Thillois; à remarquer sur la droite un petit château derrière lequel s'étend un massif: LE BOSQUET DE THILLOIS ravagé par les obus.

Devant soi, on aperçoit l'église entièrement ruinée.

Laisser l'église à gauche en la dépassant et prendre le petit chemin qui conduit à la N. 31. Ne pas s'engager dans la Nationale, mais tourner franchement à gauche dans le G. C. 27 pour aller à Gueux.

A l'entrée de ce village, prendre la route de droite jusqu'à la bifurcation des routes de ROSNAY et de PREMECY; en face se trouve l'entrée du parc du château moderne de GUEUX détruit par le bombardement.

Faire demi-tour et, 50 mètres plus loin, se rendre à pied par une ruelle à droite au VIEUX CHATEAU.

Revenir à la voilure, traverser la grande place plantée d'arbres pour aller visiter l'église, puis reprendre devant soi le G. C. 26 qui conduit à Vrigny.

De l'église de Vrigny on a un joli panorama sur REIMS et sur les FORTS DU NORD DE REIMS.

Laisser l'église à gauche et suivre le G. C. 26. A 1 kil. de Vrigny, après une descente assez forte, tourner à droite ; on arrive à COULOMMES dont on laisse à droite l'église ruinée.

Tourner à gauche pour reprendre le G. C. 26. On passe devant l'église de PARGNY-LES-REIMS que l'on aperçoit de la route (le clocher est entièrement démoli).

Traverser le G. C. 6, et prendre le petit chemin qui conduit à l'église de JOUY. Passer devant l'église qu'on laisse à gauche et prendre le vicinal (vestiges de camouflage) qui ramène au G. C. 6.

La route monte; on aperçoit sur la gauche, dominant la plaine, la CHAPELLE DE SAINT-LIÉ ; de la route, on a une très jolie vue sur REIMS.

On passe entre les voies de garage d'un important dépôt de munitions et on arrive à un carrefour, où l'on prendra à droite, continuant à suivre le G. C. 26.

Environ 2 kil. 500 plus loin, ou pourra prendre à gauche le chemin vicinal qui conduit à Bouilly; à 500 mètres du G. C. 6, on rencontrera à droite un cimetière de soldats français, britanniques, italiens.

Tourner à droite après les tombes pour entrer dans le village.

En face de l'église tourner à droite pour rejoindre le G. C. 6. dans lequel on tournera à gauche vers Bligny.

Cette partie de l'itinéraire est décrite et illustrée clans le Guide : REIMS ET LES BATAILLES POUR REIMS, ainsi que les combats qui s'y livrèrent.

LE VILLAGE DE CHAMBRECY

Laisser l'église de Bligny à droite et continuer à suivre le G. C. 6. On aperçoit, à gauche, le BOIS D'ECLISSE très ravagé et on arrive au village de Chambrecy sur la gauche (photo ci-dessus), puis à Ville-en-Tardenois.

En entrant dans le bourg, voir à droite l'église (photo p. 126) ; à la sortie, après avoir laissé un petit cimetière de soldats allemands sur la droite, prendre à gauche, à la bifurcation, le chemin qui mène à Boujacourt. La descente est assez rapide.

On traverse le BOIS DE COURMONT haché par la mitraille ; à droite et à gauche, on aperçoit des tombes éparses dans les champs ; on traverse Boujacourt, puis on arrive à Champlat, village dévasté.

L'ÉGLISE DE VILLE-EN-TARDENOIS.

On traverse Champlat et on suit le chemin vicinal jusqu'à La Neuville-aux-Larris (photo ci-dessous). De LA NEUVILLE-AUX-LARRIS, on pourra pousser jusqu'à l'église de CUCHERY qui se trouve à environ 2 kil. 500. Pour cela, tourner à droite et prendre la route en descente assez rapide qui mène à la vallée. A la bifurcation, prendre à droite. Dans Cuchery, tourner à droite pour aller visiter l'église qui est remarquable (photo p, 127). Revenir par le même chemin à la LA NEUVILLE-AUX-LARRIS. A la sortie de ce village, prendre la route de droite (G. C. 24).

On longe à droite le BOIS DE COURTON où subsistent de nombreux vestiges de tranchées ; deux tombes de soldats italiens se trouvent dans le fond d'une tranchée qui aboutit à la route.

L'ÉGLISE DE LA NEUVILLE-AUX-LARRIS

L'ÉGLISE DE CUCHERY.

Le chemin monte jusqu'à Chaumuzy; au haut de la côte, on aura un beau panorama.

A l'entrée du village, prendre le premier chemin à gauche. On passe devant le lavoir qu'alimente, en face, la FONTAINE DE SAINT-REMI.

La tradition veut que saint Remi se rendit souvent à CHAUMUZY, où il avait de grandes propriétés. Un jour qu'il avait soif, il fit jaillir la source qui porte son nom (Fontaine Saint-Remi). On tourne à droite et on passe devant l'église détruite (photo ci-dessous).

L'église possède de grandes statues de pierre, des XIVe et XVIe siècles, de la sainte Vierge, de saint Jean-Baptiste et d'un personnage en costume de magistrat; la statue de la Vierge en avant du chœur, bien que restaurée, est une belle oeuvre du Moyen Age.

L'ÉGLISE DE CHAUMUZY

L'ÉGLISE DE MARFAUX.

Laisser l'église à gauche, prendre le G. C. 10 qui conduit à Marfaux. Avant d'arriver à ce village, nombreuses tombes dans les champs. A l'entrée, tourner à droite pour aller visiter l'église (photo ci-dessus).

L'église, à l'extérieur de l'abside, conserve des modillons à figures très remarquables, de l'époque romane. A l'intérieur, dans la chapelle latérale du nord est une statue d'un personnage debout, tête nue, en robe ; c'est une belle sculpture du XVIe siècle.

A l'église, faire demi-tour et revenir prendre à droite le G. C. 10, route pittoresque qui monte jusqu'à Pourcy.

A la bifurcation qui précède le village, prendre le chemin de gauche. Nombreuses tombes. On passe devant l'église qu'on laisse à droite, puis on prend le chemin de droite qui ramène au G. C. 10.

Les champs de bataille de 1918.

Les combats de 1918.

De Pourcy à Ville-en-Tardenois et dans la région à l'est et au sud-est (CHAMPLAT, CUCHERY et LA NEUVILLE-AUX-LARRIS), la bataille fit rage, à partir du 1er juin 1918. Le 1er juin, les Allemands occupèrent VILLE-EN-TARDENOIS et poussèrent au sud de CHAMPLAT. Le lendemain, les franco-britanniques reprirent ce village et progressèrent vers VILLE-EN-TARDENOIS. Du 3 au 6, les contre-attaques allemandes ne purent déloger les Alliés de CHAMPLAT, ni leur enlever leurs gains au sud de VILLE-EN-TARDENOIS.

Au 15 juillet, les Allemands attaquèrent dans la même région pour tourner la montagne de Reims par la vallée de l'Ardre. Le front était tenu par des troupes françaises. britanniques et italiennes qui résistèrent héroïquement. Dans la région de POURCY, un bataillon français, encerclé, tint quand même ; deux jours de suite il fut ravitaillé en vivres et en munitions par les avions, ce qui lui permit d'attendre la contre-attaque alliée qui le dégagea.

Le 20 juillet, la progression s'étend jusqu'aux abords est de MARFAUX, de LA NEUVILLE-AUX-LARRIS. Les 23 et 24, malgré la résistance des 240e, 50e et 103e D. et 28e D.R., les Alliés continuent d'avancer vers CHAUMUZY et COURMAS. Le 27, la ligne atteint LA NEUVILLE-AUX-LARRIS et CHAUMUZY et les patrouilles de cavalerie poussent au nord, pendant que, d'autre part, l'infanterie approche, à l'ouest, de ROMIGNY et de VILLE-EN-TARDENOIS. Le 29, de ROMIGNY à CHAMBRECY, la résistance ennemie menée par la 22e D. et la 195e D. de chasseurs allemands, est vive. Le 2 août, les Allemands abandonnent leurs positions et se replient ; VILLE-EN- -TARDENOIS est aussitôt réoccupé par les Alliés.

Après Pourcy, la route longe le BOIS DE COURTON.

On se battit furieusement dans ce bois ; en juillet 1918, les Allemands le prirent presque en entier, mais en furent chassés à partir du 20 ; la résistance ennemie se prolongea dans le bois, jusqu'au 27 ; elle dut céder devant la poussée des troupes françaises, britanniques et italiennes.

On arrive au village de Nanteuil-la-Fosse. De violents combats eurent lieu, à l'ouest et au nord-ouest de NANTEUIL, en juillet 1918, pendant l'offensive allemande contre la montagne de Reims. Le 17 juillet, les Allemands attaquèrent furieusement, cherchant à déboucher du BOIS DE COURTON, vers NANTEUIL, qu'ils ne purent atteindre ; les troupes alliées se maintinrent à la lisière est du BOIS DE COURTON.

De Nanteuil-la-Fosse à Hautvillers, la route monte fortement dans les bois. Au haut de la côte, très, belle rue. A la bifurcation, continuer le G. C. 10 (à gauche) dans la FORÊT DE REIMS.

On arrive à Hautvillers. Le pays est renommé pour ses vignes ; le clos de l'abbaye de HAUTVILLERS est célèbre de longue date. C'est un moine de l'abbaye, Dom Pérignon, qui, au XVIIe siècle, aurait le premier entrepris de faire le vin de Champagne mousseux et de perfectionner les vins, en mélangeant les crus.

Continuant la route, ou arrive à Dizy-Magenta qui se trouve sur la gauche de la route. Tourner à gauche pour aller visiter l'église et sa tour (Voir le plan ci-dessous).

Prendre la N. 51 et passer la Marne. On entre dans Epernay.


Pour les Hôtels et les Mécaniciens,

voir la première page de garde du Guide.


ÉPERNAY

La ville est peu intéressante au point de vue archéologique.

Des anciennes fortifications, il ne reste que des ruines, sur lesquelles sont plantées des promenades, et deux tours, à l'entrée de la rue de Châlons, défigurées par les restaurations. L'église NOTRE-DAME est moderne ; elle a été construite de 1828 à 1832 sur l'emplacement d'une vieille église, dont elle avait gardé les vitraux Renaissance (Noé foulant le raisin) et un joli portail sculpté du XVIe siècle (transept gauche). Les vitraux ont sauté pendant les bombardements par avions, au début d'avril 1917. Le grand intérêt économique d'EPERNAY est le commerce et la fabrication des vins de Champagne. Sous les coteaux crayeux qui l'entourent, une véritable ville souterraine est creusée qui comporte des caves immenses où se préparent et se manipulent les vins, dont la fabrication dure cinq années. La visite des caves est intéressante. Dans les caves Mercier, des sculptures consacrées aux vins de champagne ont été taillées à même la craie.

L'origine d'Épernay est incertaine ; dès 445, elle était fortifiée. Clovis l'aurait donnée à un Gallo-Romain, Euloge, auquel saint Remi l'acheta. Les évêques de Reims y firent bâtir une forteresse. La ville, par sa position sur les frontières du comté de Champagne et sur la Marne, fut souvent prise et pillée, notamment par Childebert, en 533 ; par Frédégonde, en 595 ; par Charles-Martel, en 765 ; par les Normands, en 882 par Hugues-le-Grand, en 947 ; par Thibault-de-Champagne pendant la guerre des Malcontents, sous la régence de Blanche de Castille, en 1226 par les Anglais, à quatre reprises, pendant la guerre de Cent ans, où elle fut délivrée par Jeanne d'Arc. Elle fut incendiée par François Ier, en 1545, à l'approche de Charles-Quint, et rebâtie après la guerre. Pendant les guerres de religion, elle fut prise encore quatre fois, tour à tour par les Ligueurs et les royalistes ; le maréchal de Biron fut tué sous ses murs, en 1592. En 1615 elle se rendit à l'armée des Princes ; en 1634, le comte de Soissons s'en empara ; il en fut peu après chassé par Louis XIII. En 1642, elle fut donnée au duc de Bouillon et érigée en duché. Elle vécut tranquille jusqu'en 1814. Cette année-là, elle fut occupée et pillée deux fois par les coalisés ; en 1815, les troupes bavaroises et prussiennes l'occupèrent à nouveau et la rançonnèrent.

Épernay en 1914-1917.

En 1914, les Allemands occupèrent Épernay, le 4 septembre. Dès le 30 août, beaucoup d'habitants avaient fui. Le 1er septembre, la ville avait vu passer de lamentables défilés des émigrés de Rethel et des environs de Reims. Comme partout, les logements inoccupés furent pillés par les Allemands ; le buffet de la gare, les hôtels Terminus et de l'Europe, le Collège de Jeunes Filles furent particulièrement saccagés. Toute la journée du 5, les troupes allemandes passèrent dans la ville, en marche vers MONTMIRAIL. Les Allemands exigèrent une réquisition de 120.000 kilos d'avoine, 21.000 kil. de pain, 500 kilos de café grillé, 10.000 kilos de conserves de légumes et de semoule, 12.000 kilos de lard salé et de saindoux. Le 6, la ville fut imposée d'une amende de 176.550 francs pour n'avoir pas fourni la totalité du lard demandé. Le 7, les Allemands montèrent leurs fours de campagne sur le square Raoul Chandon ; ils ne doutaient pas de la victoire et se préparaient à faire d'EPERNAY un centre de ravitaillement. Le 9, la ville remarqua les premiers symptômes de la retraite allemande ; d'incessants convois de matériel remontèrent vers REIMS dans la soirée et toute la journée du 10. Ce jour-là, les Allemands rendirent à la ville l'imposition de 176.550 francs, sous prétexte que les habitants avaient bien soigné leurs blessés. On a raconté que cette somme avait été restituée à cause des soins donnés par le chirurgien Véron à un général allemand blessé ; en réalité, l'amende aurait été imposée par un officier d'intendance, auquel un général allemand, sur la représentation qu'on lui fit, que la réquisition de lard était disproportionnée avec les ressources de la ville, ordonna de rendre l'argent. Pour ne pas proclamer publiquement la faute de l'officier d'intendance, le général voulut que la restitution passât pour un remerciement des soins donnes aux blessés ennemis.

Le 11, la retraite allemande se précipita : troupes et convois défilèrent sans interruption ; sur le pont du chemin de fer, on vit jusqu'à trois colonnes d'infanterie passer de front à la fois ; dans la matinée, les Allemands firent sauter le PONT DE REIMS, sur la voie ferrée d'Epernay à Reims et le PONT DE MARNE. Peu de temps après la rupture des ponts, les troupes françaises apparurent et pénétrèrent dans la ville ; vers 14 heures, le génie français commença à réparer le pont ; à 16 heures, les premières colonnes françaises s'y engageaient, mais l'artillerie allemande, établie vers HAUTVILLERS, se mit à bombarder les abords ; plusieurs civils furent tués ou blessés dans la rue du Pont ; des incendies éclatèrent quai de Marne, La progression des troupes françaises obligea les batteries allemandes à se replier. EPERNAY, délivrée, retrouva la tranquillité. Celle-ci devait être souvent troublée, surtout dans les deux dernières années de la guerre.

La ville fut fréquemment bombardée par avions. En 1914, elle reçut 5 bombes qui ne firent que des dégâts matériels insignifiants. En 1915, elle reçut 9 bombes. En 1916, elle fut bombardée huit fois, sept fois par des avions, une fois par un zeppelin; les 29 avril et 28 mai, les bombes firent plusieurs victimes, tués ou blessés. En 1917, au cours de onze bombardements, 197 bombes causèrent d'important dégâts et firent de nouvelles victimes ; le bombardement le plus important eut lieu le 30 avril ; ce jour-là, une escadrille d'avions survola la ville pendant 52 minutes et lança 50 bombes.

Épernay en 1918.

C'est en 1918 que la ville fut le plus éprouvée ; elle fut bombardée trente-trois fois, par avions ou par canons, et reçut 688 torpilles ou bombes, et 535 obus. Le bombardement par canons commença le 2 juin ; il fut surtout violent à partir du 15 juillet, au moment de l'offensive allemande contre EPERNAY.

Le 15, 30 obus dans la nuit, 170 dans la journée, s'abattirent sur tous les points de la ville ; le 16, 69 obus ; le 17, les bombes d'avions s'ajoutèrent aux obus. A partir du 18 juillet, les Allemands désespérant d'enlever la ville, dont les troupes alliées leur avait interdit l'accès, se vengèrent en cherchant à la détruire. Dans la nuit du 18, deux escadrilles d'avions survolèrent la cité et lancèrent 80 bombes ; dans la nuit du 19 au 20, pendant que le canon ennemi lui lançait ses derniers obus, une trentaine d'avions l'arrosèrent de 120 bombes ou torpilles ; le 21, un raid formidable d'avions s'acharna sur elle, et 100 bombes tombèrent un peu partout ; l'hôpital d'évacuation de la route de Cumières, en dépit de ses énormes croix-rouges, fut visé et atteint ; dans la nuit du 24 au 25, 45 torpilles causèrent de graves dégâts, notamment à l'église Notre-Dame; le 25, l'hôpital d'évacuation fut de nouveau atteint ; le 13 août, 75 bombes, le 26 septembre, 3 bombes, les dernières, tombèrent encore sur la ville. Au total, depuis 1914, on a relevé les points de chute de 695 bombes et de 727 obus qui ont fait dans la population civile 64 tués et 84 blessés. Sur 6.000 maisons, 114 eut été entièrement détruites et 1.727 plus ou moins endommagées. Les pertes ont été évaluées à 25 millions de dégâts. Il n'est guère de rues qui n'aient été plus ou moins touchées.

D'Épernay à Dormans, on longe la rive sud de la Marne.

C'est dans la région, comprise entre DORMANS et VENTEUlL, sur la rive nord et entre DORMANS et BOURSAULT, sur la rive sud, que porta le gros effort de l'offensive allemande des 15-18 juillet 1918. Les Allemands avaient atteint DORMANS et VINCELLES, le 31 mai. Le 15 juillet, ils franchirent la rivière sur des ponts dissimulés par des rideaux de fumée. Les avions français, volant à faible hauteur, découvrirent pourtant les ponts, les bombardèrent et détruisirent celui de DORMANS. Pendant que toutes les forces ennemies, qui s'échelonnaient de DORMANS à REIMS, attaquaient les positions alliées, les troupes qui avaient franchi la Marne à l'ouest de DORMANS, poussaient le long de la rivière en direction d'Épernay, l'objectif essentiel (Voir page 16).

Au nord, l'ennemi gagna la rive jusqu'en aval de MAREUIL-LE-PORT ; au sud, il atteignit ŒUILLY ; mais, vers COMBLIZY, il fut durement arrêté aux lisières des BOIS DE BOUQUIGNY par la 51 D.I. Le 17, il tenta des efforts désespérés pour progresser sur la rive nord, où il dépassa CHATILLON-SUR-MARNE, prit REUIL, mais se vit bloquer en amont de VENTEUIL. Sur la rive sud, il chercha à déboucher d'ŒUILLY vers l'est et à élargir la poche au sud , il atteignit les lisières de COMBLIZY et de FESTIGNY et, à l'est de LEUVRIGNY, le front CHÊNE- LA- REINE-VILLESAINT, mais il était toujours à 15 kilomètres d'EPERNAY et il avait payé cher sa légère avance.

La contre-offensive alliée du 18 juillet entre l'Aisne et l'Ourcq soulagea les troupes (notamment la 5e division de cavalerie) qui, sur la Marne, soutenaient et supportaient la terrible poussée allemande.

Dès le 18, elles attaquent à leur tour, enlevant LA CENSE-CARRÉE, au sud de MONTVOISiN et progressent au sud-est de LEUVRIGNY. Le 19, elles reprennent MONTVOISIN, refoulent l'ennemi aux lisières est d'ŒUILLY, avancent au nord de COMBLIZY et pénètrent dans les BOIS DE BOUQUIGNY et des CHATAIGNIERS Le 20, elles occupent toute la rive sud jusqu'à ŒUILLY. Le passage de la rivière fut difficile dans ce secteur. Les Allemands résistèrent sur la rive nord, tant qu'ils purent, surtout autour de REUIL et de la FERME DES SAVARTS, dont les nids de mitrailleuses enrayèrent pendant plusieurs jours la marche en avant de la 77e D.I.

Le 22, les troupes françaises prirent pied sur la rive nord, devant PORT-A-BINSON et poussèrent vers VANDIÈRES.

Le 25, chassés de REUIL et de la FERME DES SAVARTS, les Allemands furent refoulés jusqu'aux lisières sud de BINSON et de VILLERS-SOUS-CHATILLON. Au cours de la nuit et le 26, VILLERS- -SOUS- CHATILLON fut occupé. Les jours suivants, l'avance à l'ouest de CIIATILLON-SUR-MARNE, de part et d'autre de la route de DORMANS A REIMS, obligea l'ennemi à retraiter dans le Bois du Roi, au nord-est de VILLERS-SOUS-CHATILLON.

PANORAMA DE LA VALLÉE DE LA MARNE VUE DE LA ROUTE D'ÉPERNAY A VENTEUIL.

Le pont de Cumières n'étant pas rétabli, c'est à Epernay qu'il faut franchir la Marne. Suivre la rue du Pont et, après avoir passé le pont, s'engager, à gauche, dans la V. 51. A la hauteur de DIZY-MAGENTA prendre à gauche le G. C. 1 ou rue de Cumières (Voir l'itinéraire p. 124 el le plan d'Epernay p. 130).

Laisser sur la gauche le village de CUMIÈRES (qui a peu souffert) et continuer jusqu'à Damery.

Le village date de l'occupation romaine : en 1830, on y trouva un atelier monétaire antique, dont l'outillage a été déposé au musée de Reims ; au IXe siècle, le pays fut donné à l'abbaye Saint-Médard de Soissons.

Au début de 1591, Saint-Pol, capitaine ligueur, s'empara de DAMERY et le fortifia, mais Henri IV y entra en juillet de l'année suivante. A cette époque, la seigneurie de Damery appartenait à Schomberg ; elle passa, en 1598, à Guillaume de Baradat qui y fit construire un château, démoli depuis 1804 ; un des fils de ce seigneur, François de Baradat, fut après le duc de Luynes, favori du jeune roi Louis XIII. Mazarin passa trois fois par Damery, en 1650 et en 1652, pendant la Fronde, en 1653, avec le jeune Louis XIV.

La célèbre tragédienne Adrienne Lecouvreur est née à Damery en 1692.

Prendre à gauche, à l'intersection de la route qui conduit à FLEURY, puis à droite la rue Vide-Bourse. On arrive à la place de l'Eglise.

L'église de Damery, à trois nefs et à double transept, est remarquable (photo p. 136). La tour romane (XIIe siècle) est une des plus belles de la région. Elle s'élève sur le carré du premier transept ; les chapiteaux des baies sont décorés de volutes ou de feuilles d'arum recourbées ; à chacun des angles de la tour , une longue colonnette s'élève jusqu'aux arcatures en plein cintre de la corniche, dont les modillons sont ornés de billettes, de moulures et de masques variés. La flèche en charpente est moderne. Le portail roman a été élargi par la suppression de deux colonnettes. La nef est du XIIe siècle ; à droite, on remarque sur le chapiteau deux anges portant un livre et une croix et quatre colombes becquetant des fruits d'arum ; à gauche, trois oiseaux à tète humaine, flanqués de deux colombes, se détachent au-dessus d'une corbeille de feuillages. Les bas côtés ont été reconstruits à l'époque moderne. Le transept, du milieu du XIIe siècle, est voûté d'ogives ; sur les sommiers des nervures, on distingue deux têtes de boeufs à longues cornes, deux gueules de monstres, deux singes et deux masques grimaçants entourés d'une chaîne. Tous les chapiteaux du transept sont curieux ; ils représentent des personnages tenant des urnes d'où s'écoule de l'eau, un lièvre mangeant des feuilles, un oiseau à tête de femme, des têtes bizarres. des monstres accouplés, deux lézards qui se dévorent, des fruits, des feuilles...

Le chevet polygonal a remplacé, à la fin du XIIe siècle, l'ancien chœur carré; c'est une élégante construction gothique ; sur plusieurs clefs de voûtes, on voit des prêtres officiant. Le buffet des grandes orgues en chêne sculpté est au fond de la nef.

L'ÉGLISE DE DAMERY. Voir p. 135.

L'ÉGLISE DE VENTEUIL.

L'ÉGLISE DE REUIL.

Après la visite de l'église de Damery (photo ci-dessus), revenir sur ses pas, le chemin étant barré par les débris d'une maison effondrée dans un entonnoir d'obus ; prendre à gauche, passer devant la mairie, puis reprendre à gauche le G. C. 1 qui conduit à Venteuil.

A la sortie de DAMERY après avoir laisse à droite le hameau d'ARTY, la route offre un superbe panorama sur la vallée de la Marne (Voir p. 134 el 135).

On traverse Venteuil en laissant l'église à gauche (photo ci-dessus).

On continue le G. C. 1. Après avoir passe le petit hameau de TINCOURT assez démoli, on prend à gauche vers Reuil.

A l'entrée de ce village, prendre la rue du Commerce, à gauche, pour visiter l'église du XVIe siècle (photo ci-dessus).

De REUIL on voit en face, sur la rive sud de la rivière, le village d'ŒUILLY dont le hameau de MONTVOISIN et la ferme de la CENSE CARRÉE furent âprenient disputés au cours de la bataille de juillet 1918.

A la sortie de REUIL prendre la première route à droite qui conduit à Binson-Orquigny, village très abîmé qui s'étend tout en longueur, à droite et à gauche de la route.

BINSON fut habité dès l'époque gallo-romaine. A la fin du Ve siècle, une famille irlandaise, composée de sept frères et de trois sœurs, se fixa dans la vallée de la Marne et y mena la vie des anachorètes. La plus jeune des filles s'établit à BINSON et y fut ensevelie après sa mort. Un pont existait à BINSON dès le VIIIe siècle.

Tourner à droite devant la mairie pour aller jusqu'à Villers-sous-Châtillon.

On aperçoit en face de soi l'entrée d'un parc et, près de l'entrée, les ruines du château (photo p. 138) ; l'église ancienne est sur la droite.

Le village est dominé par le signal d'ORQUIGNY. Au nord, se trouve le BOIS DU ROI, où la bataille fut acharnée de fin mai à fin juillet 1918. Dans ce secteur, les troupes franco-italiennes combattirent brillamment et s'opposèrent à l'avance allemande.

Revenir sur ses pas, traverser Binson-Orquigny et prendre à la sortie du village le chemin qui ramène au G. C. 1 où l'on tourne à droite. On arrive à la bifurcation du G. C. 24 à l'angle duquel se trouvent l'EGLISE et le PRIEURÉ DE BINSON

LES RUINES DU CHATEAU DE VILLERS-SOUS-CHATILLON.

L'église de Binson fut construite dans la seconde moitié du XIe siècle et cédée au prieuré de Coincy. Eudes de Châtillon qui fut Pape sous le nom d'Urbain II fut prieur de Binson. Désaffectée depuis la Révolution, vendue en 1838, l'église fut donnée, par les héritiers de l'acquéreur, à l'archevêque de Reims qui la fit restaurer. Les bombardements de 1918 l'ont très abîmée. La nef, moins ancienne que le sanctuaire, doit être du début du XIIe siècle. La façade fut reconstruite dans la seconde moitié du XIIe siècle, en même temps que le portail.

Après avoir visité l'église el les ruines du Prieuré de Binson, on prend le G. C. 24 et on aperçoit CHATILLON-SUR-MARNE qui domine la Marne. Prendre à gauche la route qui monte en lacets jusqu'au bourg.

L'ÉGLISE DU PRIEURÉ DE BINSON.

On arrive sur la PLACE DE LA HALLE.

Laisser la voiture et prendre à droite une petite ruelle qui conduit à l'EGLISE (photos ci-contre).

A l'intérieur de l'église il y a de belles fenêtres Renaissance ; les colonnes de la nef remontent au Xe siècle.

ÉGLISE DE CHATILLON-SUR-MARNE.
Vierge du XIVe siècle dans un retable Renaissance.

L'ÉGLISE DE CHATILLON-SUR-MARNE.

A la sortie de l'église, continuer la petite ruelle, puis prendre à droite la rue Urbain II qui conduit au terre-plein où s'élève la statue du premier pape français, Urbain II, érigée en 1887 ; cette statue, oeuvre du sculpteur Roubaud, domine la colline et la vallée.

VESTIGES DU VIEUX CHATEAU DE CHATILLON-SUR-MARNE.
A côté de la statue du pape Urbain II.

On voit aussi, sur le terre-plein, un pan de muraille qui subsiste de l'ancien château-fort (photo ci-dessus).

Ce château fut construit, en 926, par Hérivée, neveu de l'archevêque de Reims. Les Calvinistes poursuivis par Henri de Guise s'en emparèrent et le détruisirent, vers 1575. Les seigneurs étaient de l'illustre maison de Châtillon. Eudes de Châtillon, qui fut prieur de Binson, devint pape sous le nom d'Urbain II en 1088, approuva la première croisade prêchée par Pierre l'Ermite et mourut quelques jours après la prise de Jérusalem par Godefroy de Bouillon.

Reprendre la voiture, place de la Halle, et tourner immédiatement à droite, en laissant sur la gauche la gendarmerie et la mairie. La route descend rapidement jusqu'au G. C. 1 qu'on prend à droite. On arrive au village de Vandières.

Ce village est au pied du signal de Vandières (223 m.). Il est très ancien. On prétend qu'il fut donné à saint Remi par Clovis. Voir l'église, du XIIe siècle.

A côté de l'église on remarquera un pigeonnier dépendant de la ferme du château qui est très ancienne.

Revenir à la voiture et reprendre à droite le G. C. 1 dans la direction de Châtillon-sur-Marne ; puis à une bifurcalion tourner à droite dans le G. C. 23 qui conduit au PONT SUSPENDU DE PORT-A-BINSON. Après avoir traversé la Marne, prendre à droite la N. 3 et l'on arrive bientôt au village de Mareuil-le-Port dont l'église se trouve à l'entrée à droite (photo p. 141).

Dédiée à saint Remi, elle appartenait aux moines de Saint-Jean-des-Vignes de Soissons, dès l'an 1100. Reconstruite au XIIIe siècle et dans le premier tiers du XVIe siècle, elle a conservé son clocher roman percé de baies en plein cintre, orné de chapiteaux frustes ; la grande flèche en charpente et les quatre clochetons aux épis de plomb très élégants, qui couronnent le clocher, ont remplace un ancien toit du XVIe siècle. Le portail en tiers-point, encadré par trois gros boudins, est du XVIIIe

La route traverse le village de Mareuil-le-Port et continue vers Troissy.

En prenant la première rue à gauche, on passe devant l'église du XVIe siècle (photo ci-dessous) ; à l'intérieur elle a d'intéressants fonts baptismaux, un bénitier et une chaire du XVe siècle.

Troissy fut reconquis le 20 juillet par la 77e D.I. (Serrigny).

L'ÉGLISE DE MAREUIL-LE-PORT.

L'ÉGLISE DE TROISSY.

Suivre la route et prendre à droite le petit chemin qui, ramenant à la N. 3, laisse à gauche la FERME DE L'AMOUR-DIEU qui fut jadis une abbaye de filles de l'ordre de Citeaux, fondée par Hugues de Châtillon, en 1232. Le monastère, successivement pillé par les Anglais, par Charles-Quint et par les Huguenots, fut détruit et supprimé en 1764.

L'ÉGLISE DE VERNEUIL EN 1914.

L'ÉGLISE DE VERNEUIL EN 1917.

Continuer la N. 3 en laissant à gauche le petit bourg de TRY ; s'engager ensuite à droite sur le pont qui franchit la Marne ; on aperçoit devant soi Verneuil (Voir l'itinéraire p. 124).

Le bourg de VERNEUIL est divisé en HAUT et BAS-VERNEUIL séparés par la Semoigne. HAUT-VERNEUIL est entre deux monts élevés. Ce bourg dut être important dès le XIIe siècle à en juger par les dimensions de l'EGLISE que l'on trouve à droite avant de franchir la Semoigne (Voir les photos de la p. 142).

Le portail roman, sculpté vers 1130, est intéressant. Le clocher central rectangulaire est antérieur de quelques années au portail. Le transept et le chœur sont du XIIIe siècle.

Verneuil fut réoccupé le 27 juillet 1918 par la 18e D.I. (Andlauer).

Après la visite de l'église, prendre le G. C. 1 qui conduit à Vincelles, village très abîmé au pied d'un coteau couvert de vignes. Après leur retraite les 20 et 21 juillet 1918, les Allemands laissèrent là un important matériel.

PORTAIL DE L'ÉGLISE DE TRÉLOUP.

L'église, dans laquelle il y a un autel assez remarquable dédié à la Vierge, est à gauche de la route.

Dépasser le village, traverser le hameau de CHASTAING complètement détruit et descendre sur Tréloup.

Le village a dû se former autour de trois chaumières car son nom voudrait dire les "3 Cabanes". Au XIIIe siècle, il possédait une léproserie. Le village fut repris le 22 juillet 1918 par le 367e d'infanterie.

L'église, bel édifice du XIIe siècle, a été remaniée au XVIe siècle. Le portail est une œuvre très remarquable de la Renaissance ; dans le tympan, saint Hubert est représenté à genoux devant le cerf crucifère.

De TRÉLOUP reprendre la direction de VINCELLES. Avant d'arriver à CHASSINS, prendre le chemin de droite G. C. 6 qui conduit an pont suspendu.

Franchir la Marne, tourner à gauche et entrer dans Dormans qui a beaucoup souffert des batailles de 1918.

Dormans.

Voir le récit des opérations de guerre p. 133 et p. 146.

Au Xe siècle, DORMANS était rattaché au Comté de Champagne ; il passa à la couronne de France avec ce comté. Au XVIe siècle, le Calvinisme y recruta de nombreux adhérents. L'ancien pont en bois sur la Marne fut coupé par les habitants, en 1575, peu avant la bataille de Dormans, entre les troupes de la Ligue et celles de Henri III. C'est dans cette bataille que le duc de Guise reçut à la figure la blessure qui lui fit donner le surnom de Balafré.

DORMANS était alors une ville forte, défendue par cinq grosses tours et des murailles, dont il reste des vestiges.

DORMANS ET LA VALLÉE DU. LA MARNE.
Vue prise a la sortie de Vincelles, à cent mètres du village.

En entrant dans la ville, immédiatement à gauche, on aperçoit l'église (photo p. 145) dont la partie la plus intéressante est le clocher, tour rectangulaire élevée sur le chœur, dont chaque face est percée de trois baies allongées ornées de colonnettes à fines moulures, encadrées d'une archivolte reposant sur des modillons en forme de têtes.

Le clocher se termine par 4 pignons d'inégale hauteur; ceux de l'est et de l'ouest plus larges et plus élancés ont trois baies ; ceux du nord et du sud n'en ont qu'une.

Ce clocher, d'un type commun aux XIIe et XIIIe siècles, ne semble pourtant pas antérieur au début du XIVe siècle.

Les gargouilles figurent des chevaux, sans doute pour rappeler le supplice du patron de l'église, saint Hippolyte, qui aurait été écartelé.

Les nefs latérales et les sacristies ont été construites au XVIe siècle. Les parties les plus anciennes de l'église remontent sans doute aux XI e et XIIe siècles. La vieille tour ouest, avec sa voûte en berceau, à l'entrée de la nef, la nef jusqu'au transept, la première travée du transept sont de l'époque romane. Le sanctuaire rectangulaire est de l'époque ogivale, mais la grande fenêtre à 4 baies du fond est plus récente, sans doute du XIVe siècle.

LES RUINES DE DORMANS. Photographie prise au centre de la ville.

L'ÉGLISE DE DORMANS
Voir sa description à la page 144.

Après avoir dépassé l'église, prendre la rue à droite qui conduit à l'ancien CHATEAU DE DORMANS.

Ce château s'élève au milieu d'un parc magnifique; il est flanqué de deux tourelles à machicoulis ; les tourelles et les parties basses du corps de logis remontent au XIVe siècle.

Revenir sur ses pas, et face à l'église, reprendre à gauche la N. 3.

Les Combats de 1918.

De DORMANS à CHATEAU-THIERRY, la rive sud de la Marne, parsemée de hauteurs, fut le théâtre de terribles combats. A partir du 15 juillet 1918, c'est dans cette région que les Allemands lancent tous leurs ponts et passerelles au nombre d'une dizaine, dont les deux ponts entre DORMANS et TRÉLOUP et des passerelles en face de SOILLY, COURTHIEZY, VARENNES et MEZY. Rejetés devant FOSSOY et MEZY, ils poussent avec acharnement à l'est de ces deux localités. Ils espèrent atteindre CONDÉ-EN-BRIE et COMBLIZY dans la matinée. Pendant qu'une partie de leurs troupes progresse dans la vallée du Surmelin et que d'autres colonnes remontent la Marne, un troisième groupe de divisions cherche à atteindre COMBLIZY au sud de DORMANS. En direction de CONDÉ-EN-BRIE, ils s'emparent des hauteurs de CELLES-LES-CONDÉ, redescendent les pentes boisées et occupent SAINT-AGNAN et la CHAPELLE-MONTHODON. Dans la nuit du 15 au 16, ils mettent de l'ordre dans leurs divisions et se préparent à exploiter leur maigre succès de la veille.

Le 16, ce n'est déjà plus la ruée du premier jour ; l'ennemi n'exécute guère que des attaques locales et même il doit se défendre. Les Français (4e, 18e et 20e D. I.) commencent à contre-attaquer et lui reprennent SAINT-AGNAN, LA CHAPELLE-MONTHODON. Is reviennent jusqu'à LA BOURDONNERIE et LE CLOS-MILON, sur les hauteurs qui dominent la Marne. La poche creusée au sud de la rivière se rétrécit, et les Allemands risquent d'être jetés à l'eau (Voir pages 17 et 18).

Le 17, pour conjurer le péril, l'ennemi tente un gros effort. Il se heurte aux contre-attaques des troupes franco-américaines de l'armée Degoutte. Le combat est furieux ; au soir, les Allemands, après avoir repris SAINT-AGNAN, l'ont reperdu. Le lendemain, la contre-offensive Mangin entre l'Aisne et l'Ourcq ruine définitivement les projets allemands.

Le 19, après avoir perdu les hauteurs de LA BOURDONNERIE et du CLOSMILON, l'ennemi se décide à repasser la rivière ; dans la nuit du 19 au 20, favorisé par une pluie torrentielle, il se replie sur la rive nord, talonné par les 18e, 77e et 168e D.I. françaises qui, le 20 dans l'après-midi, bousculent ses arrière-gardes et réoccupent toute la rive sud de la Marne.

Dans la nuit du 21, les Alliés commencent par endroits à franchir la rivière dans des barques manoeuvrées le long d'un câble tendu d'une rive à l'autre. Au jour, le passage continue sous le feu de l'ennemi. Les éléments avancés atteignent COURCELLES et s'y maintiennent.

Le 22, la 73e D.I. prend pied sur le signal de COURCELLES et occupe MARCILLY, ROZAY et PASSY-SUR-MARNE. Le 24, la tête de pont à Tréloup est élargie. Dans la nuit, une contre-attaque au nord de TRÉLOUP et de CHASSINS est rejetée. C'est le dernier soubresaut avant la retraite vers l'Ourcq.

LE CIMETIÈRE AMÉRICAIN DE SAINT-AGNAN

Abandonner la N. 3 pour prendre la première route à gauche qui conduit à Soilly. On laissera l'église à gauche et on prendra à la sortie le chemin de terre de droite qui monte au SIGNAL DE SOILLY (234m.) d'où l'on a une très belle vue sur toute la vallée de la Marne ; continuer ce chemin jusqu'au hameau LES COQS et tourner immédiatement à droite par un chemin en lacets on descend sur Courthiézy dont on voit, à gauche, l'église des XIIe et XIIIe siècles.

Pour la visiter, prendre à pied le petit chemin de ferre impraticable aux autos.

Sortir de COURTHIÉZY par le chemin vicinal qui conduit à SAINT-AGNAN. La route en lacets, fort pittoresque, traverse le BOIS DE CONDÉ, haché par la mitraille. A une bifurcation tourner à droite.

Avant d'arriver à SAINT-AGNAN que l'on aperçoit à gauche, on croise un cimetière américain de 75 tombes (photo ci-dessus). On traverse le hameau de Sacconay entièrement détruit et en continue à descendre sur Celles-les-Condé que l'on traverse en laissant l'église à droite ; puis on franchit le Surmelin et on arrive à Condé-en-Brie.

Ce village situé près du confluent de la Dhuys et du Surmelin est très ancien ; le mot Condé, en celtique, désignerait les habitations placées au confluent de deux rivières. Le village a très peu souffert. On laisse les halles à gauche, puis l'église à droite ; on franchit la Dhuys puis le passage à niveau et immédiatement après on tourne à droite dans le G. C. 4. On longe la ligne de chemin de fer, puis la rive gauche du Surmelin, très pittoresque. Les Allemands s'avancèrent le long de cette vallée lors de l'offensive du 15 juillet. On arrive à Saint-Eugène. L'église se trouve à gauche en entrant dans le village.

PORTAIL DE L'ÉGLISE DE SAINT-EUGÈNE.

FONTS BAPTISMAUX DE L'ÉGLISE DE SAINT-EUGÈNE.

Le chœur de l'église de Saint-Eugène date de la fin du XIIe siècle et la nef du début du XIIIe celle-ci, défigurée par la suppression du bas côté et du croisillon sud, a gardé un très curieux portail (photo p. 148). Le tympan du portail, divisé en deux registres, représente le Jugement dernier. Au registre inférieur, trois scènes différentes : au centre, l'archange saint Michel et Satan surveillent la pesée des âmes ; à droite, sont figurés l'enfer et les damnés ; à gauche, les élus et le paradis. Au registre supérieur : le Christ-juge est entouré, ce qui est exceptionnel à l'époque gothique, des quatre symboles évangéliques ; à sa droite, se tiennent la Vierge debout et une femme agenouillée, vêtue d'une cotte et d'un surcot sans manches, avec la coiffure à chaperon et à mentonnière du XIIIe siècle ; à sa gauche, saint Jean est également debout, contrairement aux habitudes iconographiques des Jugements derniers et, derrière lui, un homme agenouillé et tête nue est en cotte. Les sculptures sont d'aspect assez lourd et gauchement taillées, mais elles offrent un exemple intéressant de ce que pouvaient produire, au milieu du XIIIe siècle, des ateliers secondaires éloignés des grands centres de la statuaire gothique.

L'ÉGLISE DE CRÉZANCY.

L'EGLISE possède en outre des fonts baptismaux (photo p. 148) de la seconde moitié du XIIIe siècle (M. H.), malheureusement mutilés.

Reprendre le G. C. 4. On aperçoit Cormigis à droite et on arrive à Crézancy (photo ci-dessus).

La route passe en tournant devant l'église (voir photo) qui remonte en partie au XIIe siècle, mais a été remaniée au XVe et au XVIe siècles.

Tourner à gauche, à l'ECOLE PRATIQUE D'AGRICULTURE, dans la N. 3 qui conduit à Fossoy.

La route assez pittoresque descend dans le village. Dans le bas, à droite de la route, se trouve l'église qui possède un joli clocher roman.

Ce village fut le théâtre de brillants faits d'armes. Les Allemands y furent battus et rejetés par les Américains le 15 juillet 1918.

Rejoindre la N. 3 par un petit chemin que l'on prend à droite après avoir dépassé l'église.

Quitter la N. 3 pour prendre à gauche un chemin en lacets qui, traversant le village de Blesmes, conduit à l'église, des XIIe et XVe siècles.

Après l'église, continuer à monter. La vue sur la vallée de la Marne est très belle. Prendre ensuite la route de droite qui serpente à travers bois vers Chierry. A gauche, on aperçoit la cascade du BOIS PIERRE, puis on arrive aux premières maisons de Chierry, à la bifurcation d'une route. Devant une petite maison de campagne LA FRÉMONNERIE, tourner à droite pour rejoindre la N. 3. Près de la bifurcation, à droite de la N. 3, se trouve un cimetière américain (photo ci-contre) où sont enterrés, entre autres, cinq lieutenants aviateurs.

PANORAMA SUR LA VALLÉE DE LA MARNE.
Vue prise de la sortie est de Blesmes.

Prendre à gauche la N. 3, traverser Chierry et rentrer dans Château-Thierry par la route de Metz, qui évite le passage à niveau, et l'avenue du Président-Poincaré.

CIMETIÈRE AMÉRICAIN, PRÈS DE CHIERRY.


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