DE SENLIS A MEAUX (65 km)

(Voir cartes intercalées ci-dessus et entre les p. 82-83)

par CHAMANT, MONTÉPILLOY, BARON, CHAALIS, ERMENONVILLE

Partant de la porte de Compiègne, on sort de la ville par la route nationale (N 17). Après avoir passé sur le chemin de fer, on tourne à droite pour prendre la N 32 jusqu'au premier chemin bordé d'arbres qui se présente sur la droite et qui conduit vers Chamant. 100 m. avant le village, on entrera dans un champ enclos de haies, sur la droite de la route (2 km 5). Dans ce champ qui apparaît sur la vue de la page 52 campèrent les troupes allemandes. Le maire de Senlis M. Odent et six autres otages y furent fusillés (p. 52). La tombe de M. Odent se trouve près du bois qui borde la lisière du champ opposée à celle que longe le chemin. Près de la haie de clôture ou verra la tombe d'un capitaine allemand.

Continuer jusqu'au village de Chamant, tourner à droite, puis à gauche jusque'à l'église dont on aperçoit le clocher. Cette église date du XIIe siècle et a été remaniée aux XIVe et XVIe. Le clocher roman que montre la photo ci-dessous est remarquable. A l'intérieur, les chapiteaux et les voûtes à décoration polychrome ont été restaurés aux frais de Napoléon III, ainsi que le tombeau de la femme de Lucien Bonaparte qui se trouve dans la chapelle latérale.

ÉGLISE DE CHAMANT

Tourner autour de l'église, prendre ensuite à gauche, puis a droite, près du gymnase des pompiers. La route plantée d'arbres qui prolonge, de l'autre côté de la route nationale, le chemin sur lequel on se trouve, conduit, à 700 m. de là, au château de Chamant, où descendit l'état-major allemand. La cave fut mise au pillage : plus de 1.200 bouteilles de champagne furent vidées. Ce château, qui date du XVIIe siècle, fut habité par Lucien Bonaparte. Des écuries de course importantes en dépendent.

On suivra la N 17 pendant environ 1.500 m., puis on tournera à droite vers Ognon (8 km 5). Ou tournera deux fois à droite devant l'église et l'on fera route vers Barbery, dont ou aperçoit de loin les usines. On traverse la voie (12 km 5) près de la gare incendiée par les Allemands et l'on continue tout droit vers le donjon de Montépilloy (13 km 5) qui se dresse sur une colline voisine.

CHATEAU DE MONTÉPILLOY

Le château, dont l'entrée est donnée sur la vue ci-dessus , est englobé dans une ferme Son nom vient de Mons speculatorum ou mont des guetteurs. Il fut construit au XIIe siècle. Le 15 août 1429, Jeanne d'Arc l'occupa. Une armée anglaise que commandait le duc de Bedford était entre Montépilloy et Senlis. La bataille eut lieu le 16 août et permit aux troupes du roi de France de reprendre Senlis. Le château fut démantelé sous Henri IV.

Pour avoir une vue d'ensemble et se rendre compte de la situation dominante du château, on fera, avant d'entrer, quelques pas dans le chemin qui descend sur la droite de la ferme.

La porte d'entrée est flanquée de deux grosses tours. On voit encore les massifs de maçonnerie où prenaient appui les chaînes qui assuraient la manœuvre du pont-levis. On passe sur les anciens fossés qui subsistent en partie. En pénétrant dans la cour, on verra les ruines imposantes des deux donjons, l'un circulaire dont il ne reste qu'un pan de muraille, l'autre quadrangulaire.

Revenir sur ses pas. A la sortie du village, près d'un hangar métallique, prendre, à pied, le chemin pavé de droite et faire 400 mètres Dans la dépression à droite, se trouvaient les canons allemands qui bombardèrent Senlis : une tombe allemande se distingue dans le pré. On revient an chemin qu'on avait laissé et l'on descend vers Barbery. Après le passage à niveau, on tourne à droite dans la grand'route. Après 4 km 5 on prend à nouveau à droite, on traverse la voie ferrée, puis le village de Ducy; on franchit une crête et redescend par des lacets sur Baron (27 km).

MAISON OU FUT BRULÉ LE MUSICIEN MAGNARD

MAISON DE MAGNARD
(façade intérieure)

Pénétrant dans Baron, on tournera à gauche dans la grand'rue et on rencontrera 300 m. plus loin, à l'extrémité de l'agglomération, LA MAISON D'ALBÉRIC MAGNARD. Elle est marquée par une plaque de marbre, visible sur la vue ci-dessus à droite, sur laquelle est gravée l'inscription suivante :

Albéric Magnard, compositeur de musique, né à Paris le 9 juin 1865, mort le 3 septembre 1914, fusillé et brûlé dans sa maison en voulant la défendre.

Celui-là qui, rebelle à toute trahison
Et préférant la Muse à toute Walkyrie,
A défendu son art contre la barbarie
Devait ainsi mourir défendant sa maison.

Edmond ROSTAND,
de l'Académie française.

D'inspiration toute française, Magnard, comme le rappelle Rostand dans les vers ci-dessus, avait écarté de son art l'influence allemande.

Sa sensibilité d'artiste lui fit. ressentir avec une violence extrême les douleurs de l'invasion; il avait prévenu ses intimes qu'il était résolu à mourir plutôt que de subir la loi du vainqueur et qu'il y aurait dans son revolver quatre balles pour les ennemis et une pour lui-même

Il avait renvoyé sa famille à Paris, ne gardant auprès de lui que son jeune beau-fils. Les Allemands entrèrent à Baron le 2 septembre. Le 3, vers 9 heures du matin, un parti de soldats pénétra dans la propriété. Le compositeur était enfermé et barricadé dans la villa. Après trois sommations, les Allemands tirèrent du jardin sur la façade que montre la vue ci-dessous. Magnard riposta à travers les persiennes d'une fenêtre du premier étage, tuant un des soldats et en blessant un autre. Le beau-fils du compositeur, revenant d'une courte promenade, était arrivé au début de cette scène. Saisi et attaché contre un arbre, il n'échappa à la mort qu'en se faisant passer pour le jardinier. Après avoir tiré quelques salves, les Allemands attendirent les instructions du commandement. Celui-ci décida d'abord de brûler le village en représailles, puis, sur les instances du notaire, Me Robert, modifia la sentence et ordonna de borner l'incendie à la villa de Magnard. Après avoir pillé hâtivement le cabinet de travail du compositeur, les soldats mirent le feu à la cuisine avec de la paille et des grenades. Quand la fumée commença à monter, Me Robert et le beau-fils de Magnard entendirent une détonation provenant de l'intérieur de la maison. L'auteur de Guercœur et de Bérénice venait sans doute de se suicider. Un officier dit alors au notaire "Il prend le meilleur parti". Le corps de Magnard fut carbonisé. Son revolver qu'on retrouva avait trois douilles percutées.

ÉGLISE DE BARON

BOISERIES DE L'ÉGLISE

Le village fut pillé. Un officier ordonna au notaire Me Robert d'ouvrir son coffre-fort. Comme le notaire refusait d'abord de céder à son injonction, il dit à deux de ses hommes de charger leurs armes et Me Robert dut remettre les 8.300 francs que contenait le meuble. Pendant que le notaire était occupé à satisfaire aux réquisitions, les Allemands lui dérobèrent son argenterie, ses bijoux et ceux de sa femme, jusqu'à son linge de corps et laissèrent leurs chemises sales en compensation. La cave fut entièrement vidée par des officiers qui prirent 1.471 bouteilles de vin fin. Le même témoin vit un officier qui portait aux doigts 9 bagues de femme et à chaque bras 3 bracelets.

De la maison de Magnard, on reviendra sur ses pas et on continuera de suivre la grand'rue jusqu'à L'ÉGLISE (monument historique) des XIIe et XIIIe siècles avec un beau clocher du XVe (vue ci-dessus). A l'intérieur on pourra voir de belles -boiseries (vue ci-dessous). Jeanne d'Arc communia dans cette église la veille de la bataille qu'elle livra aux Anglais sous Montépilloy, en 1429. On prendra la route qui prolonge la grand'rue. Sur ce point jusque vers Senlis eurent lieu des combats d'arrière-garde. Après 3 km 5, on tournera à gauche (dans le champ qui fait le coin des deux routes se voit une tombe allemande).

3 km plus loin, on tournera à gauche à nouveau dans la route d'Ermenonville et, après avoir fait environ 1.200 m., on prendra à gauche l'allée qui conduit sous bois à l'entrée du domaine qui constituait l'antique abbaye de Châalis (36 km 5).

CHAALIS

Tout au début du XIIe siècle, au retour de la première croisade, un seigneur de Mello fonda à Calisium un prieuré. En 1136, le roi Louis-le-Gros, voulant honorer la mémoire de soit frère Charles-le-Bon assassiné à Bruges, transforma ce prieuré en abbaye qui fut mise sous la direction de l'ordre de Cîteaux dont la puissance de rayonnement commençait à s'affirmer.

L'abbaye, jouissant de la protection des rois de France, des évêques de Senlis et des seigneurs de Chantilly, devint très importante. L'état actuel ne peut donner qu'une faible idée de l'agglomération qu'elle constituait.

Le bon roi saint Louis venait souvent partager la paisible vie des moines, cultivant la terre et la vigne, soignant les abeilles, pêchant le brochet dans les étangs, mangeant au réfectoire commun dans une écuelle de bois, au milieu des oiseaux familiers accourus du voisinage pour prendre part au repas.

Au temps de la Renaissance, l'abbaye tomba en commende, c'est-à-dire qu'elle ne fut plus la propriété de la communauté, mais celle de l'abbé dorénavant désigné par le roi et non élu par les religieux. Le premier abbé commendataire fut le cardinal Hippolyte d'Este, fils de Lucrèce Borgia. Réduisant les moines à la portion congrue, le cardinal usa largement des revenus de l'abbaye qui lui permirent d'édifier sa fameuse villa d'Este à Tivoli et ses magnifiques jardins.

En 1570, le grand poète italien Le Tasse passa plusieurs mois à Châalis et y travailla à la Jérusalem délivrée.

Au XVIIIe siècle, on entreprit la reconstruction de l'abbaye. Jean Aubert, l'architecte des grandes écuries de Chantilly et de l'hôtel Biron à Paris, fut chargé des plans. L'oeuvre fut commencée, mais non terminée. Le bâtiment abbatial, qui contient aujourd'hui le musée et qu'on aperçoit sur la gauche de la belle avenue qui aboutit à la grille d'entrée, montre la manière sobre dans laquelle Aubert voulait traiter la nouvelle construction.

Tous ces travaux endettèrent l'abbaye. Louis XVI la fit fermer et la liquidation fut prononcée. La Révolution acheva la ruine. Vendu comme bien national, Châalis souffrit beaucoup. Les bâtiments furent démolis en grande partie, la vieille église fut dépecée à raison de douze sous le tombereau de pierres.

RUINES DE L'ÉGLISE DE l'ABBAYE

RUINES DE L'ÉGLISE VUES DE LA ROUTE DES ÉTANGS

Au XIXe siècle, les propriétaires successifs s'efforcèrent de reconstituer le domaine. Les terres furent rachetées, les ruines consolidées. Le bâtiment abbatial fut transformé en château; le parc fut retracé. En 1902, Mme Jacquemart-André acheta la propriété 1.200.000 francs. Elle la légua à l'Institut de France avec le musée qu'elle avait installé dans le château. L'Institut en prit possession en 1912, à la mort de la donatrice.

Au point de vue archéologique, l'église élevée au début du XIIIe siècle présente un très grand intérêt, car c'est la première application, par les Cisterciens, du style ogival qui venait de naître dans l'Ile-de-France. Dans les centaines d'abbayes qu'avait créées la maison-mère de Cîteaux (cette abbaye était située près de Dijon), le style roman avait jusqu'alors régné. A partir de Châalis, les Cisterciens vont répandre l'ogive dans toute l'Europe où seront bientôt dispersées plus de 1.800 filiales.

Cette église de Châalis était Vaste : elle mesurait 82 mètres de long sur 27 mètres de large.

Son transept, dont les ruines de la partie nord s'aperçoivent sur la vue de la page précédente, était remarquable par ses énormes dimensions, comparées à celles du chœur, et par les sept chapelles rayonnantes, --- dont une est bien visible à la droite de la vue --- que renfermait chacune de ses branches. Il reste une amorce de la nef qui occupe la gauche de la photo : elle comptait douze travées précédées d'un porche. Le clocher qui surmontait la tour a été détruit par la foudre au XVIIe siècle. Le cloître s'adossait à l'église : on voit l'amorce des galeries étagées sur la vue ci-dessous. La chapelle de l'abbé apparaît au second plan, à droite de la vue de la page précédente. Elle est conçue dans l'esprit de la Sainte-Chapelle de Paris.

VISITE DU DOMAINE DE CHAALIS

Le Musée et le Parc sont ouverts, du 15 avril au 1er novembre, les jeudis après-midi, de 13 heures à 17 ou 18 heures. Intéressante notice du conservateur Louis Gillet (2 fr.).

Pour l'automobiliste de passage, la visite de détail n'est pas indispensable. Le musée, bien qu'intéressant, est loin de valoir celui que Mme Jacquemart-André avait installé dans son hôtel du boulevard Haussmann, à Paris, et qu'elle a légué à l'Institut en même temps que Châalis. En ce qui concerne le parc et les ruines, l'itinéraire que nous indiquons en donnera une idée suffisante.

De la grille d'entrée on aperçoit devant soi les ruines de l'église, à gauche le château où se trouve le musée. L'ensemble a une véritable grandeur.

A allure modérée, on prendra, à droite de la grille, le chemin qui va vers les étangs. Après avoir contourné les deux étangs dans un paysage ravissant, dont la photo ci-dessous donne une idée, le chemin rentre sous bois et ramène à la grand'route d'Ermenonville qu'on prend à gauche.

De l'autre côté de cette route s'étend la seconde partie du domaine de Châalis : le Désert, qui appartenait autrefois au parc d'Ermenonville. Au voisinage de ce parc, il constitue un joli site boisé dont deux étangs occupent le fond. A l'autre extrémité, au contraire, en face des étangs de Châalis, c'est une étendue aride : la "Mer de Sable."

Le Désert, comme le parc d'Ermenonville, est plein des souvenirs de Jean-Jacques Rousseau. (Voir p. 75.)

Après avoir longé les étangs du Désert on arrive à Ermenonville (40 km).

Le château, qui appartient au prince Radzivill, est à gauche de la route (on ne le visite pas). Le parc, ouvert au public les dimanches, jeudis et jours de fête, est à droite.

Le château fut occupé en septembre 1914 par un état-major allemand qui se contenta de mettre la cave au pillage.

UN COIN DES ÉTANGS DE CHAALIS

Le parc d'Ermenonville est la création du marquis de Girardin. Disciple idolâtre de J.-J. Rousseau, il s'efforça de faire du parc une illustration de l'oeuvre du philosophe. Dans la partie qui dépend maintenant de Châalis, le Désert, il prétendit reconstituer en miniature les paysages alpestres où se déroulent les scènes de Julie ou la nouvelle Héloïse.

Ce culte touchant parvint à faire tomber la misanthropie de Rousseau qui vivait à Paris dans une solitude farouche. Il accepta l'hospitalité du marquis et s'installa à Ermenonville le 20 mai 1778. Le 2 juillet, l' "homme de la nature" s'éteignit au milieu des arbres, des fleurs et des oiseaux. Il fut enterré dans l'île des Peupliers (vue ci-dessous) qu'on aperçoit, à droite de la route, au milieu de l'étang, lorsqu'on arrive à hauteur du centre du château. L'influence de Rousseau sur son siècle avait été immense et son tombeau fut longtemps un but de pèlerinage universel. Le corps du philosophe n'est plus à Ermenonville, la Convention le fit exhumer et transporter au Panthéon.

TOMBEAU DE J -J. ROUSSEAU A ERMENONVILLE

On traverse le village en laissant à gauche la statue de J.-J. Rousseau et en haut de la côte, on tourne à gauche. 4 kilomètres plus loin, on rencontre l'école d'aviation de Plessis-Belleville el on continue toujours tout droit.

A Saint-Soupplets, à l'embranchement de la route avec celle de Dammartin (54 km), se trouve l'auberge de la Belle-Idée, qui fut le théâtre d'un exploit intéressant : un officier allemand et une quinzaine d'hommes étaient restés dans cette auberge après l'évacuation de Saint-Soupplets, une patrouille française, composée du sergent Vannerot et de six hommes, y pénétra. L'officier tira aussitôt sur le sergent mais le manqua, celui-ci le transperça d'un coup de baïonnette et le reste de la troupe allemande fut tué ou s'enfuit.

A Penchard (61 km 5) on tourne à gauche après la mairie. La route descend vers Meaux, offrant une jolie vue sur la ville dominée par sa cathédrale. Dans Meaux on tourne à gauche pour passer sous le pont el on arrive à la cathédrale (65 km) (voir plan intercalé ci-contre).

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MEAUX

CE QU'IL FAUT VOIR

A ne pas manquer la Cathédrale (p. 77-80), les Vieux Moulins (p. 81).

De grand intérêt: l'ANCIEN ÉVÊCHÉ et son jardin (p. 80-81), le VIEUX CHAPITRE (p. 80).

Promenades : les TRINITAIRES, le BOULEVARD JEAN-ROSE longeant les remparts.

ORIGINE ET GRANDS FAITS HISTORIQUES

Meaux fut le centre d'un petit peuple gaulois : les Meldi --- les habitants de Meaux s'appellent les Meldois --- puis capitale de la Brie. Elle fut réunie au domaine royal en 1284.

La vie religieuse fut toujours très active à Meaux : six conciles s'y tinrent du IXe au XIIIe siècles, deux au XVIe. C'est le traité de Meaux qui mit fin, en 1229, à la croisade des Albigeois. Au temps de la Réforme, les luttes religieuses atteignirent dans la région un haut degré de violence. Au XVIIe siècle, le diocèse fut illustré par son évêque Bossuet, surnommé l'Aigle de Meaux.

La ville fut prise et incendiée plusieurs fois au cours de son histoire agitée. En 1358, les paysans révoltés, qu'on a appelés les Jacques, furent mis en pièces sous les murs par les nobles français et anglais.

MEAUX EN 1914

Plus heureuse qu'en 1814 et 1870, Meaux n'a pas connu les horreurs de l'invasion : elle ne fut traversée que par des patrouilles allemandes. Quelques obus tombèrent dans le faubourg Saint-Nicolas et jusque dans les environs de la Cathédrale, mais les dégâts furent peu sérieux.

Les troupes anglaises en retraite avaient traversé la ville les 2 et 3 septembre et fait sauter le pont du marché (vue ci-dessous) ainsi que la passerelle qui se trouve en aval; les bateaux-lavoirs qui auraient pu servir de pontons avaient été coulés.

13.000 habitants sur 14.000 quittèrent Meaux avec les autorités civiles. L'évêque, Mgr Marbeau, fit preuve d'une grande énergie dans l'organisation des secours aux habitants restés dans la ville et aux blessés qui affinèrent dès le 5 septembre. En dépit des circonstances, un Te Deum fut chanté à la Cathédrale pour l'élection du pape Benoît XV.

PONT DU MARCHÉ ET LES LAVOIRS (sept. 1914.)

 

Cathédrale Saint-Étienne (monument historique)

Très beau panorama du haut du clocher. Pour y monter, s'adresser au suisse. (Pourboire.)

La Cathédrale fut commencée à la fin du XIIe siècle et continuée jusqu'au XVIe. Elle vient d'être compètement restaurée.

La tour de gauche, seule terminée, n'a pas de flèche. Celle de droite est appelée la Tour Noire à cause de son revètement d'ardoises. Cette façade a une décoration de style ogival flamboyant. Une belle rose s'ouvre au milieu, dominant les trois portails.

CATHÉDRALE DE MEAUX (Cliché M. H.)

Le portail du milieu et celui de droite sont surmontés de frontons triangulaires aigus; celui de gauche, d'une ogive plus obtuse, est placé sous un arc en accolade. L'église est précédée d'un parvis datant de 1610 auquel on accède par 8 marches.

La pierre employée à la construction présente malheureusement peu de résistance et a été effritée par les intempéries. Au cours des révolutions dont la vieille Cathédrale a été témoin, des mutilations sont venues s'ajouter aux effets du temps. Les trois rangées de statuettes qui ornent chaque portail sont très abîmées ainsi que les bas-reliefs qui décorent les tympans. Les grandes statues qui garnissaient les niches ont disparu.

LA MARNE A MEAUX

Après avoir eu la vue de la façade ouest, le touriste, longeant à droite la Cathédrale, ira jeter un coup d'œil sur le PORTAIL AUX LIONS qui s'ouvre sur la face sud.

Ce portail du XIIIe siècle, restauré au XIXe par Viollet-le-Duc, tire son nom des gargouilles représentant des têtes de lions dont il est flanqué. Il est la reproduction du portail méridional de Notre-Dame de Paris.

Entrant dans la Cathédrale par le Portail aux Lions, le touriste sera frappé par la légèreté et la richesse décorative de l'intérieur qui a été l'objet d'une restauration importante.

On remarquera la très grande hauteur des bas côtés. On l'explique par l'existence, dans l'église primitive, de tribunes voûtées qui s'élevaient au-dessus de ces bas côtés, comme à Senlis et à Notre-Dame de Paris. Ces tribunes disparurent lors des grandes transformations de la fin du XII, siècle, et les bas côtés, de ce fait, se trouvèrent notablement surélevés.

PORTAIL AUX LIONS (Cathédrale)

VUE DE LA NEF DE LA CATHÉDRALE (Cliché M. H.)

TRANSEPT ET CHŒUR DE LA CATHÉDRALE

PORTE MAUGARNI (Cathédrale) (Cliché M. H.)

 

Le TOMBEAU de l'Aigle de Meaux est dans le chœur, à droite, marqué par une plaque de marbre noir.

La CHAIRE qu'on aperçoit à droite, sur la vue ci-dessus, a été faite avec des panneaux de l'ancienne chaire où prêcha le grand Bossuet. L'évêque de Meaux, en effet, malgré ses charges à la Cour, s'occupait très activement de son diocèse et il prononça dans la Cathédrale de nombreux sermons dont l'inspiration ne le cédait en rien aux magnifiques développements prononcés, au temps de sa carrière de prédicateur, devant l'auditoire royal. Il maintint une discipline sévère parmi le clergé et les congrégations soumises à sa juridiction. Ses luttes avec l'abbesse de Jouarre allèrent jusqu'à la prise d'assaut des bâtiments de l'abbaye.

La vue ci-essus montre le fond du TRANSEPT auquel correspond, à l'extérieur, le Portail aux Lions. La décoration flamboyante est ici particulièrement riche.

Au-dessus du transept s'élevait une belle flèche en charpente, couverte de plomb. Mais comme elle menaçait ruine, on fut obligé de la démolir en 1640.

On aperçoit à gauche de la vue le commencement du CHŒUR dont l'exécution montre jusqu'à quel point de légèreté et de hardiesse était arrivée la construction ogivale : toutes les murailles entre les piliers sont évidées, c'est le miracle de l'équilibre.

Le chœur n'avait primitivement que trois chapelles. Deux chapelles intermédiaires furent ajoutées au XIVe siècle

En faisant le tour du chœur, on apercevra, donnant au nord sur la cour du Vieux Chapitre, la jolie PORTE MAUGARNI, datant du XVe siècle. Le nom de MAUGARNI, homme de sac et de corde, pendu à cet endroit en 1372 par ordre du bailli de Meaux, est passé à la postérité à la suite du long procès que le Chapitre de la Cathédrale fit au bailli au sujet de cette exécution faite sur le domaine ecclésiastique.

Presqu'en face de la Porte Maugarni, adossée au choeur, se trouve une statue en marbre blanc représentant un jeune chevalier agenouillé : Philippe de Castille. Son père fonda en 1603 l'ordre déchaussé de Notre-Dame-de-la-Merci. C'est de l'église du couvent de cet ordre que provient la statue.

A côté de la porte se trouve un Christ en pierre du XVIe siècle.

On pourra voir également dans la deuxième chapelle, à partir du grand portail, sur le bas côté nord de la nef, le groupe en haut-relief de la Visitation (XVIIe s.) et le tableau de l'Adoration des Mages, attribué à Philippe de Champaigne. La chapelle symétrique, au sud, contient la pierre tombale de Jean Rose et de sa femme. Jean Rose fut un des grands bourgeois de Meaux au XIVe siècle. Son nom a été donné à un boulevard de la ville.

A l'entrée de la nef, l'orgue, du XVIIe siècle, repose sui, une belle arcade.

Le MONUMENT DE BOSSUET, œuvre du sculpteur Dubois (1907), se trouve dans le bas côté nord, près de l'entrée principale.

Au bas du piédestal, à droite, sont représentés Turenne et Mlle de Lavallière convertis par Bossuet; cette dernière apparaît en costume de religieuse. On se rappelle, en effet, qu'après avoir été remplacée par M. de Montespan dans la faveur du roi Louis XIV, elle se retira chez les Carmélites sous le nom de sœur Louise de la Miséricorde. A gauche, Henriette de France, reine d'Angleterre, dont l'Aigle de Meaux Meaux prononça l'oraison funèbre, et le Dauphin dont il fut le précepteur.

MONUMENT DE BOSSUET (Cathédrale)

Derrière le piédestal figure, en buste, le grand Condé. Bossuet en fut l'ami, il lui rendait fréquemment visite dans son L'eau château de Chantilly et le recevait souvent à l'Évêché Sa mort inspira à l'Aigle de Meaux une de ses plus magnifiques oraisons funèbres.

Le Vieux Chapitre (monument historique)

Sortant de la Cathédrale par le portail ouest, on pénètrera dans la cour de l'Évêché dont l'entrée est sur la place, à droite. A l'extrémité de la cour, on aperçoit le Vieux Chapitre. Cette ancienne demeure des chanoines de la Cathédrale date du XIIIe siècle.

Elle est en cours de restauration.

VIEUX CHAPITRE (Cliché M. H.)

Son curieux escalier extérieur couvert, qui apparaît bien sur la vue ci-dessus, est très connu des archéologues.

On a vu plus haut, à l'occasion de la Porte Maugarni, l'ardeur que mettaient les chanoines à défendre leurs prérogatives.

L'Ancien Évêché

L'ancien Évêché, qui fait face à la Cathédrale sur la cour, date du XII, siècle et a été modifié aux XVIe et XVIIe. Au rez-de-chaussée sont deux belles salles voûtées du XIIe. Un plan incliné conduit jusqu'au deuxième étage. Suivant la tradition, un évêque l'aurait fait construire pour pouvoir monter dans ses appartements sans descendre de mule.

ANCIEN ÉVÊCHÉ, (Cliché M. H.)

Dans les appartements du premier étage se trouvent les chambres de Marie-Antoinette et du roi. Meaux fut en effet une étape de Louis XVI et de la famille royale lors du retour de Varennes.

La chambre du roi a également été occupée par Napoléon 1er lorsqu'il revint de la campagne de Russie.

La ville de Meaux aménage actuellement un musée dans les bâtiments de l'Évêché.

La face nord donne sur un joli jardin dessiné par Le Nôtre (visible les jeudis et dimanches. Les autres jours s'adresser au concierge dans la cour d'entrée. Pourboire).

Au fond du jardin se trouve une terrasse établie sur les remparts du moyen âge. On y accède par un escalier couvert qui se trouve à l'angle nord-est. De là, la vue est belle sur le jardin, l'Évêché, la Cathédrale (vue ci-dessus).

Sur la terrasse s'élève un petit pavillon connu sous le nom de CABINET DE BOSSUET. Le grand évêque aimait à y travailler et allait souvent, pour se distraire, faire les cent pas dans une allée toute proche, sur le rempart, plantée de beaux ifs.

Les Vieux Moulins

Après la visite de l'Évêché, on gagnera les bords de la Marne par la rue Marlimprey. La vue est très pittoresque, d'un côté sur les moulins qui barrent la rivière, de l'autre sur la jolie PROMENADE DES TRINITAIRES avec ses vieux peupliers. Les moulins que représente la vue ci-dessous ont été reconstruits au XVIe siècle. L'autre face des bâtiments donne sur le pont du Marché (vue p. 76). Ces constructions, en dépit de leur ancienneté, ont résisté à l'explosion du pont en 1914. Un peu en aval sont les moulins de l'Échelle, modernes, qui ont remplacé des moulins analogues à ceux du pont du Marche, incendiés en 1843.

VIEUX MOULINS


 Visite du Champ d'Opérations de la Bataille de l'Ourcq

 Table des matières