LA VISITE DU CHAMP DE BATAILLE
EN QUATRE JOURNÉES

 

Première Journée:
 
DE PARIS A CHATEAU-THIERRY 84 kilom.
LA VISITE DE CHATEAU-THIERRY
LE TOUR DU BOIS BELLEAU 44 kilom.
LE TOUR DE FÈRE-EN-TARDENOIS 74 kilom.
   

Deuxième Journée
 
DE CHATEAU-THIERRY A SOISSONS 103 kilom.
   

Troisième Journée :
 
DE SOISSONS A REIMS 81 kilom.
   

Quatrième Journée :
 
DE REIMS A CHATEAU-THIERRY 134 kilom.

DESSIN D'ENSEMBLE DES ITINÉRAIRES INDIQUÉS A LA PAGE PRÉCÉDENTE.
Compléter la lecture de ce Guide par celle de la Carte routière Michelin (Feuilles n° 6 et n° 11).

LA MARNE A MEAUX EN 1914.
Photo extraite du Guide illustré : L'Ourcq.

VISITE DU CHAMP DE BATAILLE


PREMIÈRE JOURNÉE


DE PARIS A CHATEAU-THIERRY

Sortir de Paris par l'avenue Jean-Jaurès, la Porte de Pantin et la N° 3. On passe par Pantin, Bondy, Livry, Villeparisis, Claye, pour arriver à Meaux par la rue du Faubourg Saint-Remi.

Pour la visite de Meaux et des Champs de bataille de 1914, voir le Guide illustré : L'Ourcq.

Tourner à droite et passer sous le pont du chemin de fer ; continuer tout droit par la rue Saint-Remi, longer la Cathédrale, les rues Saint-Nicolas et du Faubourg Saint-Nicolas.

On traverse ensuite les bourgs de Trilport, Saint-Jean-les-2-Jumeaux, Sammeron el on arrive à La Ferté-sous-Jouarre.

Tourner à gauche par la rue de Condé et de nouveau à gauche par la rue du Faubourg. Traverser la Marne et suivre les rues du Pelletier el du Limon. On passe au-dessus du chemin de fer. La route tourne à droite et s'élève au-dessus de la vallée de la Marne. On traverse ensuite Montreuil-aux-Lions.

Un peu avant d'arriver au Thiolet, premier village ruiné rencontré sur l'itinéraire, on voit le long de la route, à gauche, un CIMETIÈRE AMÉRICAIN.

Un peu plus loin se trouve Vaux, précédé également d'un CIMETIÈRE AMÉRICAIN.

VAUX, situé dans une cuvette, est complètement détruit. C'est dans le fond de la vallée, à droite de la route, que les ruines sont le plus impressionnantes (L'itinéraire décrit plus loin, page 44, y ramènera d'ailleurs le touriste lorsqu'il ira à Essommes).

La route contourne la COTE 204 qui la domine à droite. Cette cote fut disputée avec acharnement (voir p. 37 et 54).

On entre dans Château-Thierry par l'avenue Clemenceau.

 

CHATEAU-THIERRY

ORIGINE ET GRANDS FAITS HISTORIQUES

La ville doit son nom à son château, lequel aurait été, d'après la tradition, construit au Ve siècle, par Charles-Martel, pour servir de prison au roi Thierry II. Au Xe siècle, il était en possession du comte de Vermandois, qui y fit enfermer Charles-le-Simple, en 923. Pendant qu'un concile s'y tenait en 933, le comte de France, Raoul, l'assiégea et le prit ; le comte de Vermandois y étant peu après rentré par trahison, le roi l'assiégea à son tour, mais sans succès. Plus heureux en 944, il s'en empara, mais, deux ans plus tard, le comte de Vermandois le recouvra encore par trahison. Château-Thierry ne s'organisa vraiment en commune qu'en 1301. Elle souffrit, comme les villes environnantes, de la guerre de Cent ans et de la Jacquerie en 1358. Les Anglais l'attaquèrent une première fois sans succès, en 1392 ; ils s'en emparèrent, en 1421. En 1544, elle fut assiégée et prise par Charles-Quint. En 1591, elle fut saccagée par les Ligueurs du duc de Mayenne ; en 1615, par l'armée des Princes révoltés ; en 1652, par les troupes lorraines. Au Moyen Age, la ville appartenait, semble-t-il, au comté de Champagne; elle devint plus tard possession royale, mais fut donnée en apanage ; elle ne fit retour à la Couronne qu'après la mort du comte de Saint-Pol, en 1631. Louis XIII y vint, accompagné de Richelieu, le 13 octobre 1631, pour en prendre possession ; il s'y plût beaucoup et y séjourna deux fois encore, en 1633 et 1635. Ses prédécesseurs l'avaient également fréquemment habitée, avant qu'elle eût été donnée en apanage ; une assemblée des grands seigneurs du royaume s'y était tenue, en 1303, pour étudier les moyens de terminer la guerre de Flandre. A son retour du sacre, Charles VII s'y était arrêté avec Jeanne d'Arc, en 1429, et c'est de là qu'il avait daté les lettres patentes, exemptant, à cause de Jeanne d'Arc, les villages de Domrémy et de Gueux de tous impôts. Le buste du roi Henri IV, qui figure au Musée du Louvre dans la salle Michel Colombe et qui est attribué à Tremblay, avait été exécuté pour le château de Château-Thierry.

En 1814, la ville vit passer les Prussiens et les Russes de Saken et d'York, après le terrible combat du 12 février où la charge irrésistible du général Letort et l'infanterie de Napoléon débandèrent l'ennemi ; des fuyards isolés périrent dans la ville, tués par les habitants exaspérés par l'invasion. Abandonnée par les troupes de Napoléon, le 25, elle fut occupée pendant huit jours par différents corps ennemis qui y commirent de graves excès. En avril, les troupes ennemies, regagnant leur pays, l'occupèrent encore pendant une semaine et la mirent durement à contribution.

Clemenceau sur le pont de Château-Thierry,
quelques heures après le départ des Allemands.

 

CHATEAU-THIERRY PENDANT LA GUERRE

Septembre 1914.

En 1914, la ville fut presque cernée par les Allemands, le 2 septembre. L'exode de la population fut à peu près général ; il ne resta dans la ville que 180 habitants, dont le juge de paix, M. Voirin, le seul magistrat de la ville qui resta à son poste pendant toute la guerre.

Les ponts furent défendus par le 54e de ligne et le 13e territorial. Pendant que les batteries allemandes en position au-dessus de Courteau tiraient sur la gare et sur la place du Champ de Mars, les Allemands débouchaient par les routes d'Essommes et de Paris, vers 17 heures. Arrêtés par les défenseurs des ponts, ils les firent bombarder par deux pièces amenées, l'une sur le Champ de Mars et l'autre sur le Château. Les Français ne se replièrent qu'à 23 heures.

Le 3 septembre, la garnison allemande pilla la ville ; le 4, elle déménagea dans des fourgons tout le stock de l'entrepôt des tabacs, sis rue Jean de la Fontaine.

Le 9 septembre, Château-Thierry fut de nouveau bombardée, mais par les troupes franco-britanniques qui poursuivaient l'ennemi en retraite et délivrèrent bientôt la cité.

Juin-juillet 1918.

Le 1er juin 1918, la ville fut de nouveau prise par les Allemands du Corps Conta, après un violent combat de rues où les marsouins du 33e colonial, soutenus par les Américains, leur infligèrent de lourdes pertes.

Le 31 mai, un groupement de mitrailleurs américains avait été mis aux ordres du commandant français qui défendait Château-Thierry, menacée d'être tournée par les Allemands. A peine débarqués de leurs camions, les Américains s'étaient jetés dans la bataille que menaient les coloniaux.

Au cours de longs combats de rues, leurs habiles tireurs firent des prouesses ; le soir, avec leur concours, les Allemands (231e D.) furent repoussés aux lisières de la ville.

Dans la nuit du 1e, juin, à 21 heures, les Allemands, protégés par l'obscurité et par l'émission d'épais nuages de fumée, revinrent à la charge ; ils s'infiltrèrent le long de la rivière vers le pont. La défense de ce pont était confiée aux mitrailleurs américains avec la consigne de tenir tant que les coloniaux qui se battaient en avant ne se seraient pas repliés. Ils tinrent jusqu'à ce que le dernier Français eût passé la Marne et se replièrent ensuite avec leurs armes. Quand les Allemands débouchèrent devant la tête du pont, celui-ci sauta (photo ci-desous) ; quelques ennemis, qui avaient pu le franchir avant l'explosion, furent pris sur l'autre rive, où les Yanks avaient aussitôt remis leurs pièces en batterie.

MITRAILLEURS AMÉRICAINS EN ACTION A CHATEAU-THIERRY.
Lorsque cette photo fut prise par an opérateur du Signal Corps, la ville était soumise à un violent bombardement.

Durant tout le mois de juin et la première partie de juillet, de vifs combats se livrèrent autour de la ville, notamment au Bois COURTEAU qui couronne la COTE 204 (voir p. 55). Reprise par la 10e division coloniale le 6 juin, la COTE 204 ne cessa d'être disputée et changea souvent de mains. Les Allemands, qui préparaient leur offensive du 15 juillet entre ChâteauThierry et Reims, tenaient à la possession de cette position qui couvrait leur flanc droit et commandait Château-Thierry.

Clemenceau sur le champ de bataille, près de Château-Thierry, an milieu d'un groupe de soldats américains.

A partir de juillet, les Alliés se rapprochèrent de la ville par une série d'opérations locales.

Dans la nuit du le au 2 juillet notamment, les Américains prirent le village de Vaux (voir p. 53), en faisant plus de 400 prisonniers à la 201e D. allemande qui, malgré deux ou trois contre-attaques les deux nuits suivantes, ne put les déloger. Les Américains progressèrent aussi à l'est de la Cote 204 et finalement, au cours d'une attaque de nuit, reprirent la cote, le 9 juillet.

Le succès de la contre-offensive alliée du 18 juillet, dégagea complètement Château-Thierry.

Le 21 juillet, l'ennemi, enfoncé au nord et à l'est, dut abandonner la ville où rentra la 39e D.I. de l'armée Degoutte.

LE BUTIN RASSEMBLÉ PAR LES ALLEMANDS DANS L'ÉGLISE DE SAINT-CRÉPIN.
Les caisses, prêles à être expédiées, portaient des adresses de femmes allemandes.

Le pillage de Château-Thierry.

Les troupes franco-américaines trouvèrent Château-Thierry saccagée par les Allemands ; ceux-ci avaient systématiquement vidé les maisons de leurs matelas, de leurs ustensiles de cuivre, de fonte, de tous les objets bons à piller ; les églises avaient été dépouillées, même des objets sacrés et des vêtements sacerdotaux. Dans l'Eglise Saint-Crépin (photo ci-dessus), une partie du butin que les Allemands n'avaient pu enlever était encore amoncelée. Dans la même église, la veille de la délivrance, l'ennemi avait enfermé 1es habitants restés dans la ville. Dans les maisons, on constata une dévastation ahurissante ; les caisses de linge et d'objets, prêtes pour l'expédition portaient des adresses de femmes allemandes.

UNE CUISINE, 5, AVENUE DU MARÉCHAL-FOCH.

UN BUREAU, 26, RUE SAINT-MARTIN.

UNE CHAMBRE A COUCHER, 26, RUE SAINT-MARTIN.

Tout ce que les voleurs n'avaient pu emballer était brisé, mutilé, souillé les Allemands, à leur habitude, avaient détruit pour le plaisir de détruire. (Voir les photos officielles américaines ci-dessus.)

Il en a été de même dans toute la région ; des détachements spéciaux étaient chargés d'enlever tous les stocks de machines, d'instruments, d'outils, tous les meubles, les matières premières, les vivres rencontrés dans les localités occupées.

D'après un document allemand, les villages de LICY-CLIGNON, TORCY, BONNES, MONTHIERS, BUSSIARES, furent dépouillés de tous leurs outils et machines agricoles par le 345e régiment allemand de la 87e D.

 

VISITE DE CHATEAU-THIERRY


Pour les Hôtels et les Mécaniciens,
voir la première page de garde du Guide.


DEVANT LES ARCHES DÉTRUITES DU PONT.
Sur l'autre rive, on aperçoit les barricades élevées par les Franco-Américains en travers de la rue Carnot. Au fond, la route de Montmirail, aujourd'hui avenue du Président-Poincaré.

TROUPES ITALIENNES TRAVERSANT LA MARNE.
Une passerelle provisoire remplace les arches détruites.

VISITE DE CHATEAU-THIERRY

La ville s'étend dans la vallée où la Marne décrit de larges méandres entre des coteaux boisés. Au nord, elle est dominée par les tours découronnées et les courtines arasées de son ancien château.

En entrant dans Château-Thierry par l'avenue Clemenceau, continuer tout droit par la PROMENADE DL LA LEVÉE ; on arrive sur la place du Champ de Mars.

On aperçoit les restes du beau pont de pierre, bâti par Perronet en 1768 et qui n'a plus qu'une seule arche. Une passerelle provisoire remplace les deux arches détruites en juin 1918 (Voir p. 37 et photos ci-dessus).

Devant soi, on aperçoit, dans son jardinet dévasté, la statue, par Laitié (1824), du fabuliste Jean de la Fontaine. Un éclata touché la statue au mollet.

Prendre à gauche de la place du Champ de Mars et dans la direction de l'Hôtel de Ville, la rue du Maréchal-Pétain (photo ci-dessous à gauche).

LA RUE DU MARÉCHAL-PÉTAIN APRÈS LE DÉPART DES ALLEMANDS.
On aperçoit, au bout de la rue, la barricade qu'ils avaient élevée.

CHATEAU-THIERRY VU DE LA TERRASSE DU CHATEAU.
A gauche, l'Hôtel de Ville. --- Au milieu, la tour de Balhan.

A droite de la rue se trouve la TOUR DE BALHAN ou Tour du Beffroi, ancienne dépendance de l'hôtel Balhan construit au XVIe siècle. Au bout de la rue du Maréchal-Pétain, on aperçoit l'HOTEL DE VILLE, construit dans le style Renaissance. Le monument a reçu des éclats et a eu son clocher démoli.

Tous les alentours ont beaucoup souffert du bombardement.

Pour visiter le Château, monter, à gauche de l'Hôtel de Ville, le large escalier qui conduit au rempart.

C'est à côté de cet escalier qu'est prise la vue panoramique donnée ci-dessus à droite.

En haut de l'escalier, tourner à droite, suivre les remparts jusqu'à LA PORTE D'ENTRÉE DU PARC que l'on franchira.

Pour avoir une vue générale sur la ville et les environs, faire le tour du parc qui occupe tout l'emplacement de l'ancien château. Quelques souterrains subsistent encore. Pour les visiter, s'adresser au gardien installé dans une petite cabane vers le milieu du parc, sur la face regardant l'Hôtel de Ville.

En sortant du parc et tournant à gauche, on ira jeter un coup d'œil sur l'ancienne entrée principale du Château, formée d'une arcade ogivale flanquée de deux grosses tours aux pierres taillées en pointe de diamant.

Revenir à la porte d'entrée du parc d'où l'on rejoindra l'Hôtel de Ville en descendant la rue du Château où se trouve L'HOPITAL SAINT-JEAN OU HOTEL-DIEU fondé par Jeanne, reine de France et de Navarre, en 1304, reconstruit en 1876.

De retour à l'Hôtel de Ville, traverser la place et prendre la rue du Général-Degoutte. On rencontre à gauche la rue Dirigeon-Lécart, puis la rue Lefèvre-Maugras. Ces rues, comme la rue du Maréchal-Pétain, avaient été barrées par les Allemands au moyen de barricades.

A droite de la rue du Général-Degoutte, on rencontre la calme et montueuse rue Jean-de-la-Fontaine, dans laquelle, au n° 13, se trouve la MAISON NATALE du grand Fabuliste. Cette vieille maison aristocratique a été modifiée par des travaux d'alignement. Quelques salles ont conservé des boiseries du XVIIe siècle. Dans le jardin, on montre une aubépine, qui, d'après la tradition, aurait été plantée par le fabuliste lui-même.

En continuant par la rue du Général-Degoutte, on traverse l'avenue du Maréchal-Joffre ; ensuite suivre la rue Saint-Crépin, où se trouve l'EGLISE SAINT-CRÉPIN dans laquelle une grande quantité de butin avait été amassée par les Allemands (voir photo p. 38).

L'Eglise Saint-Crépin est un monument du XVe siècle, avec une grosse tour quadrangulaire épaulée de grands contreforts sculptés. La tribune de l'orgue, sculptée de sibylles et de diverses autres figures, date du XVIe siècle. Une grande toile du peintre Vivien, dans un cadre ancien et sculpté, représente le Baptême du Christ. L'Eglise possède aussi deux volets d'un tryptique qui est sans doute une peinture flammande du XVIe siècle.

La rue Saint-Crépin est continuée par la rue Saint-Martin. L'itinéraire de la visite de la ville se termine à l'extrémité de la rue Saint-Martin, au point où cette vue rejoint l'avenue Clemenceau.

C'est de ce dernier point que part l'excursion du Tour du Bois Belleau donnée ci-après.

Voir l'ensemble des Itinéraires p. 31 à 33.

NOTA. --- Les visiteurs qui arriveraient par le train sortiront de la gare par l'avenue de la Gare, tourneront à gauche dans l'avenue de la République qu'ils suivront jusqu'à la Place Carnot. Sur cette place, prendre à droite par la rue Carnot à l'extrémité de laquelle se trouve le pont sur la Marne où on rejoint l'itinéraire dans la ville, décrit plus haut.

 

Première excursion dans les environs de Château-Thierry

LE TOUR DU BOIS BELLEAU

Voir l'ensemble des itinéraires p. 31 à 33.

Sortir de Château-Thierry par l'avenue Clemenceau, passer sous le pont du chemin de fer. En haut d'une forte montée abandonner la grande route qui tourne à gauche et suivre tout droit vers Belleau et Torcy (G. C. 9). On longe, à gauche, le BOIS DES ROCHES dans lequel on aperçoit beaucoup d'arbres abattus par les obus ; de chaque côté de la route, nombreux trous d'obus.

Les fermes que l'on rencontre sont complètement démolies. Le chemin suivi est coupé de boqueteaux alternant avec les champs tous très marmités. Des abris étaient ménagés le long de la route.

On laisse à droite le chemin vicinal, assez mauvais, qui conduit à Etrépilly, enlevé de vive force par les Américains, le 20 juillet 1918.

LES AMÉRICAINS DANS LE BOIS BELLEAU.

OBSERVATOIRE D'ARTILLERIE AMÉRICAINE DANS LE BOIS BELLEAU.

UN ABRI DANS LE BOIS BELLEAU.

 

A 4 kilomètres environ de la bifurcation où l'on a quitté la N. 3, on aperçoit sur la droite, très nettement visible, la Cote 190, sorte de mamelon dénudé, criblé de trous d'obus et d'où est pris le panorama des pages 46 et 47.

Pour accéder à ce point, descendre de voiture à la borne hectométrique 4, à l'endroit où commence une descente et à la lisière d'un bois ; en 5 minutes de marche, en suivant une haie d'aubépines, on arrive au sommet.

PANORAMA SUR LE BOIS BELLEAU PRIS DE LA COTE 190.

Les combats du Bois Belleau.

Cette région fut défendue pied à pied, le 1er juin 1918, par le 152e de ligne français, "Le Régiment du Diable", comme l'ennemi, stupéfait de son audace et de son mordant, l'a surnommé. Débordé, le 152e dut se replier de TORCY et de BELLEAU, le 2 juin, sur le Bois BELLEAU, qu'il défendit jusqu'à la nuit et qu'il n'abandonna, sur ordre, qu'au moment d'être tourné.

Le 3 juin, après s'être reformé derrière la ligne de soutien constituée à l'abri du bois par les Américains qui viennent d'arriver en camions, il contre-attaque, progresse, garde le terrain conquis, malgré deux retours violent des Allemands et tient jusqu'à la nuit, pendant laquelle il est relevé par les Américains. Le 7 juin, BOURESCHES est repris par les Alliés ; le 8, les Américains repoussent une violente attaque ennemie; le 9, ils arrêtent net une nouvelle attaque allemande aux environs de BOURESCHES; les 10, 11, 13, 23, 24, et 26 juin, ils livrent de vifs combats, au cours desquels ils améliorent leurs positions ; le 26, ils font 240 prisonniers au sud de TORCY et 264 au Bois BELLEAU le 29 enfin, ils achèvent la prise du BOIS BELLEAU.

La Brigade Marine américaine.

Semé d'accidents de terrain, hérissé de rochers, plein de centres de résistance et de mitrailleuses, le Bois était devenu une redoutable position quand la Brigade Marine américaine l'aborda.

La Brigade Marine date de 1740 ; elle a fait la guerre de l'Indépendance, la guerre de Sécession, la campagne du Mexique, l'expédition de Cuba, celle des Philippines et celle contre les Boxers. Son chant de guerre proclame qu'elle a "lutté sous tout climat, en tous endroits, dans la neige des terres septentrionales comme dans les sites des tropiques ensoleillés". C'est la première division de l'Armée américaine arrivée en France, où elle a débarqué le 27 juin 1917 ; pendant la guerre, elle se grossit de beaucoup de volontaires et d'élèves des universités américaines. Son uniforme, de nuance plus verdâtre que le kaki, a pour insigne une sphère supportée par une ancre.

Le 10 juin, une première attaque sur le Bois BELLEAU lui donne 300 prisonniers. Les Allemands, pour dissiper l'émotion qu'avaient causée en Allemagne les premiers exploits des Américains, affectèrent de considérer l'intervention américaine comme un bluff et s'appliquèrent à rabaisser la valeur de leurs nouveaux adversaires qu'ils disaient dépourvus d'esprit militaire et mal préparés à la guerre actuelle ; un communiqué officiel du 10 juin ne parlait que d'une seule division américaine qui, encadrée de troupes françaises, aurait été engagée au Bois Belleau, en assurant qu'elle avait été effroyablement décimée dès son premier engagement et qu'elle était hors de cause.

En réalité, le commandement allemand fut aussitôt fixé sur la valeur combative des Américains ; voici ce que l'officier de renseignements de la VIIe Armée allemande disait de la 2e D.I. américaine, dans son rapport sur les combats du Bois Belleau : "Les attaques des deux régiments américains sur le Bois Belleau furent exécutées avec cran et intrépidité, la 28 D.I. américaine peut être considérée comme une très bonne division ; le recrutement des hommes doit être qualifié de remarquable; ils sont bien portants, bien constitués physiquement. L'esprit de la troupe est frais et plein d'une confiance naïve."

Le 13 juin, la Brigade Marine, en dépit de l'affirmation allemande qui la disait décimée, continua la conquête du Bois Belleau ; elle refoula une division allemande chargée de reprendre le bois et qui avait reçu la consigne suivante : "Il importe à l'heure actuelle que les troupes américaines qui débutent dans la bataille ne puissent pas enregistrer un succès important sur les Allemands."

Après de longues alternatives d'avance et de recul, après une attaque qui, le 26, lui rapporta 264 prisonniers, la Brigade Marine donna l'assaut final le 29. Deux de ses bataillons, répartis en quatre lignes de tirailleurs a cinquante pas, suivis d'assez près par les vagues de choc en colonnes de section, enfoncèrent les positions allemandes sur un point faible après un combat corps à corps, à l'arme blanche ; ensuite, après une conversion sur les côtés, ils encerclèrent les centres de résistance et les réduisirent, au cours d'un combat terrible qu'ils menèrent sans veste, les manches retroussées, insoucieux de leurs lourdes pertes.

La reprise de cette position est un exploit qui a valu à la Brigade Marine des félicitations du commandement français qui décida que le bois serait désormais appelé : Bois DE LA BRIGADE MARINE AMÉRICAINE.

BELLEAU.

C'est du Bois BELLEAU que, le 18 juillet, la 2e D.I. américaine, pivot de l'armée Degoutte. part à la contre-offensive. Son premier objectif est la ligne TORCY-BELLEAU et la voie ferrée jusqu'à la station de BOURESCHES; elle a devant elle des divisions allemandes d'élite, les 1re et 4e D. et 6e D. de la Garde; d'un seul élan, elle emporte son premier objectif, puis stoppe en attendant que le général Degoutte la lance, le 28 juillet au soir, sur ETREPILLY pour dégager les Français durement engagés au nord de BELLEAU. Elle prend aux Allemands 3 canons, un minenwerfer, des mitrailleuses et 200 prisonniers et son avance oblige l'adversaire à abandonner ses positions devant les troupes françaises.

Revenir à la voiture el continuer dans la direction du village de Belleau.

A gauche de la route étaient ménagés des abris pour tirailleurs et mitrailleurs. On arrive à un carrefour à l'entrée de Belleau. A droite du G. C. 9 se détache le chemin qui entre dans le village.

L'ÉGLISE DE BELLEAU.

L'ÉGLISE DE TORCY.

Au croisement se trouve un cimetière américain. Sur la gauche, un chemin va vers Bouresches en longeant le Bois Belleau. Sur ce chemin, à 1.500 mètres du croisement, on rencontrera un cimetière américain. A droite des tombes, un chemin monte vers le bois dans lequel on retrouvera les traces de la lutte ardente qui s'y est livrée : tranchées, abris, barbelés, des arbres hachés, des trous d'obus, etc.

Après avoir visité la partie du bois qui regarde le village de Belleau, on reviendra au croisement désigné plus haut et l'on pénètrera dans le village qui tire son nom de la remarquable limpidité du ruisseau au bord duquel il est bâti.

Descendre jusqu'au château qui a été très éprouvé. L'église (photo page 48), se trouve derrière. Devant le château on tournera à gauche puis on prendra la première route à droite, vers TORCY, en longeant le parc dont la clôture a été démolie et les arbres saccagés.

On arrivera à Torcy complètement dévasté.

L'Eglise (du XIIIe siècle) est à droite, complètement ruinée. Le cimetière est éventré, les Allemands ayant fait sauter l'ancien souterrain datant du Moyen Age qui se trouvait dessous (Photos ci-contre).

Du cimetière on a une jolie vue sur la vallée.

Revenir sur ses pas, prendre la route qu'on a croisée avant d'arriver à l'église et rejoindre le G. C. 9. Au croisement de ces deux routes, se trouve un grand hangar aux fers tordus.

LE CIMETIÈRE DE TORCY.

L'ÉGLISE DE SAINT-GENGOULPH.

On tournera a droite vers Bussiares (Voir l'itinéraire p. 44).

Avant Bussiares, à gauche, sur un monticule, on voit la FERME DE LA TUILERIE. Au pied du monticule, sont des tombes allemandes. Des tranchées, des abris, avaient été ménagés aux flancs de cette éminence et furent très marmités.

Après avoir traversé Bussiares, on prend la première route à droite vers Hautevesnes. Des tombes françaises sont placées au revers de la route, à cette bifurcation. On traverse un passage à niveau et le pont sur la petite rivière du Clignon. Avant d'arriver à Hautevesnes, on passe an travers de bois très saccagés.

HAUTEVESNES est complètement détruit.

On traverse la localité en ligne droite, en direction du village de Saint-Gengoulph dont l'église en ruines couronne tragiquement un mamelon sur la droite (Photo ci-dessus).

Sans entrer dans le village de Saint-Gengoulph qu'on laisse sur la droite el après avoir dépassé le mamelon où se trouve l'église, tourner à gauche (l. C. 34) pour descendre vers Vinly.

Dans ce village, tourner à gauche vers Veuilly-la-Poterie. Franchir le Clignon et la voie ferrée par un passage à niveau el continuer tout droit.

SOLDATS DANS VINLY.

LE PITTORESQUE VILLAGE DE VEUILLY-LA-POTERIE.
Au fond, la vallée du Clignon et la colline d'Hautevesnes.

Veuilly-la-Poterie fut pris par les Allemands en 1918, mais quand ceux-ci voulurent en déboucher, ils se heurtèrent aux troupes américaines qui les empêchèrent d'aller plus avant.

La photo ci-dessus est prise à quelques centaines de mètres au delà du passage à niveau.

L'EGLISE DE VEUILLY-LA-POTERIE est de la seconde moitié du XIIe, et du XIIIe siècle. L'ornementation des chapiteaux dénote la persistance des traditions romanes à la fin du XIIe siècle ; elle comporte des diables et des monstres posant leurs griffes sur deux hommes et sur une femme, des colombes becquetant un fruit, deux aigles déployant leurs ailes, des. chimères cherchant à se dévorer, des dragons, deux monstres aux dents aiguës enserrant la tête d'un homme dans leurs mâchoires...

Revenir à la voie ferrée et prendre à droite le G. C. 9 qui longe la voie ferrée qu'il laisse à gauche.

On traverse ELOUP, BUSSIARES et on arrive en face de TORCY, au hangar détruit rencontre précédemment (voir p. 49).

Cette région fut âprement disputée.

Le 6 juin, une attaque des troupes franco-américaines devant la ligne Veuilly-Bussiares donna 270 prisonniers et les Américains avancèrent d'un mille vers Torcy. Le 7 juin, Veuilly, le 8, Eloup, furent repris et les Américains repoussèrent toutes les contre-attaques ennemies. Le 9, le bois d'Eloup et un bois au sud de Bussiares tombèrent aux mains des Alliés. Le 10, pendant que plusieurs attaques allemandes échouaient à l'est de Vinly, les Franco-Américains progressaient vers Bussiares et faisaient 250 prisonniers ; le 12, ils enlevaient la partie sud de Bussiares. Le 18 juillet, après la contre-offensive franco-américaine, toute la région fut entièrement dégagée par le 1er C. A. américain.

Au croisement de Torcy indiqué plus haut (voir p. 49), abandonner le G. C. 9 et prendre à droite l'I. C. 32. Près de cette bifurcation, on voit, à droite, des tombes américaines. La route longe la partie ouest du Bois Belleau. On rencontre à nouveau des tombes américaines avant d'arriver à Lucy-le-Bocage.

Traverser le village en laissant l'église à gauche el prendre sur la gauche la route menant à Bouresches.

A la sortie de Lucy-le-Bocage, à 200 mètres environ, on rencontre des lombes américaines.

Sur la gauche de la route on aperçoit la lisière sud du Bois Belleau.

Un peu avant Bouresches, sur la gauche, près de tombes américaines (photo ci-contre), on pourra, à travers champs, gagner le Bois BELLEAU dans lequel on trouvera un sentier qui monte à la Cote 181, la plus élevée du bois.

On y voit de nombreuses organisations et, en avril 1919, on rencontrait encore des cadavres allemands.

L'ÉGLISE DE LUCY-LE-BOCAGE.

LE CIMETIÈRE AMÉRICAIN DU BOIS BELLEAU.
Route de Lucy-le-Bocage à Bouresches, à 500 mètres de Bouresches. Au fond, le Bois Belleau.

Entrer ensuite dans Bouresches. Tourner à droite devant l'église dans la direction de Vaux.

A droite, on rencontre encore des tombes américaines.

On' entre dans Vaux. Traverser la N. 3 et continuer tout droit, au milieu des ruines, vers le fond de la vallée, dans la direction d'Essommes.

On rencontre d'abord Monneaux dont le cimetière est à l'entrée, à gauche. Le mur du cimetière, du côté de Vaux, est percé de meurtrières. A gauche, sur le bord de la route, sont des tombes américaines. Traverser le village, qui est beaucoup moins endommagé que Vaux, puis le hameau de Montcourt. Franchir la rivière à la sortie du hameau et continuer tout droit.

Après avoir dépassé le hameau de la Borde, on arrive à Essommes.

L'ÉGLISE DE BOURESCHES.
La route qui passe devant 1'église conduit à gauche vers Belleau, à droite vers Vaux

LES RUINES DE VAUX.

Essommes, qui a été très éprouvé par le bombardement, est une des plus anciennes localités du pays et fut jadis plus important. il fut donné, vers 720, par Charles-Martel à l'abbaye de Saint-Médard-lès-Soissons . Une abbaye d'Augustins y fut fondée, vers 1090. Les Anglais l'assiégèrent, en vain, en 1370.

L'Eglise (monument historique) est un bel édifice des XIIIe et XIVe siècles ; le chœur et le transept sont particulièrement remarquables (photos ci-contre). A l'intérieur, les stalles à dais et les boiseries sont d'admirables menuiseries sculptées; parmi les sujets de ces boiseries, ont voit deux figures symboliques, finement sculptées, se fustigeant. Les clés de voûte et une piscine du XVIe siècle, une tombe de moine avec figure d'abbé crossé gravée en creux, de beaux vitraux, sont aussi intéressants.

Une tradition voudrait que la reine Blanche de Navarre, qui fut si généreuse pour toute la région de Château-Thierry, ait été enterrée dans l'église; à l'entrée de l'église actuelle, qui n'est qu'une partie de l'édifice primitif, un tableau contient des renseignements historiques sur l'Abbaye d'Essommes.

Depuis Vaux, le chemin a fait le tour de la COTE 204 si âprement disputée.

L'ÉGLISE D'ESSOMMES : LE TRANSEPT ET LE CHŒUR.

L'ÉGLISE D'ESSOMMES : LE CHŒUR ET LA NEF.

Des divers villages rencontrés, les Américains partirent à l'assaut de la position en juillet 1918 et parvinrent à en chasser les Allemands après plus d'une semaine de durs combats.

Rentrer par la N. 3 à Château-Thierry.

DESCENTE DE CROIX.
Vitrail de l'église d'Essommes.
EN AVANT DE LUCY-LE-BOCAGE

 

Deuxième excursion dans les environs de Chàteau-Thierry

De CHATEAU-THIERRY à FÈRE-EN-TARDENOIS

par le Bois du Châtelet

et retour à CHATEAU-THIERRY

par Coulonges, le Charmel et la Vallée de la Marne.

Voir l'ensemble des Itinéraires aux pages 31 à 33.

Sortir de CHATEAU-THIERRY par l'avenue du Maréchal-Joffre, prendre la 2e rue à droite qui est la rue de la Gare des Chesneaux et d'où l'on a une belle vue sur la ville et sur le château. Ne pas traverser la voie au passage à niveau situé à droite de la gare, mais descendre tout droit, en laissant un peu plus loin, à droite, la rue qui conduit à l'entrée du château. Passer ensuite l'octroi. A 100 mètres environ, tourner à gauche sous le pont du chemin de fer qu'on fit sauter en 1918.

On voit à gauche l'Hôpital qui a reçu de nombreux obus comme d'ailleurs les remblais et les murs de tous les environs.

On suit le G. C. 15. A gauche du chemin on voit de nombreux abris creusés dans le talus. On passe à nouveau sous un pont de chemin de fer qui sauta également au cours des opérations. Au passage de la petite rivière, avant le village de Verdilly, on remarque de nombreux trous d'obus. De grands amas de munitions furent abandonnés là par les Allemands.

On arrive ensuite à Verdilly.

Le village n'a pas trop souffert du bombardement. Son église date de 1130.

On traverse le village par un double lacet. À la sortie de la localité, sur la gauche, on dépasse le château et le parc qui ont reçu de nombreux obus.

Dans le bois de Barbillon, que l'on voit sur la droite, on enleva des monceaux d'obus. Plus loin, à hauteur de la ferme Breteuil, des munitions furent ramassées par milliers dans le bois qui borde la route.

Avant d'arriver à EPIEDS, on voit à gauche, sur le bord de la route, un cimetière américain (Photo ci-dessous).

Le village d'Epieds fut repris par les troupes américaines au cours de leur avance, au milieu de juillet 1918. Le 22 juillet, une compagnie de la 2e D.I. américaine pénétra dans le village après un farouche combat corps à corps ; elle ne put s'y maintenir, car les Allemands contre-attaquèrent en force, les 23 et 24. Après trois jours de combats, les Américains, qui l'avaient pris et repris cinq fois, réussirent à le garder définitivement et à conquérir le bois au sud du village, dont ils cueillirent la garnison.

LE CIMETIÈRE AMÉRICAIN D'EPIEDS.
Au fond, le village et l'église d'Epieds
.

LE CHATEAU DE MOUCHETON,
qui servit successivement de Q.G. aux Allemands et aux Américains.

Epieds, au bord du rû de l'Ordrimouille, est né sans doute autour d'une ferme royale, à l'époque mérovingienne ; il fut donné, en 720, par Charles-Martel, à l'abbaye Saint-Médard-lès-Soissons. A la fin du XVIIIe siècle, on a trouvé sur son territoire de nombreuses monnaies romaines en bronze, de grand module. Dans l'église, une peinture représentant saint Jérôme à qui un ange apparaît dans la solitude, est une toile remarquable du peintre espagnol Herrera le Vieux (XVIIe siècle).

Dans Epieds tourner d'abord à droite, puis, à la sortie, prendre la route de gauche (I. C. 30). La route suit la rivière qui coule à droite. Au delà de la rivière, sur le coteau, on aperçoit, à droite, le CHATEAU DE MOUCHETON. Une route plantée de peupliers y conduit.

Ce château, qui a été restauré avec goût de nos jours, est du XVIIIe siècle. Il servit de quartier général aux Allemands et ensuite aux Américains.

En continuant à suivre la rivière, on arrive à Brécy.

LA PLATE-FORME DE LA BERTHA QUI, DU BOIS BU CHATELET, BOMBARDA PARIS.

SOLDATS FRANÇAIS ET AMÉRICAINS, SUR LA PLATE-FORME DE LA BERTHA, EN JUILLET 1918.

De là, on peut aller voir la plate-forme d'une "Bertha" de 380 mm, dans le bois du Châtelet (Voir l'itinéraire p. 56).

Pour cela, à l'entrée du village de Brécy, au croisement de Poules, tourner à gauche, passer sous le pont du chemin de fer ; 100 métres après le pont, tourner à gauche en longeant la voie ferrée vers le bois du Châtelet. 1.500 mètres après le croisement, le bois vient toucher la route, on le longe pendant 300 mètres jusqu'à ce que l'on croise l'épi de voie ferrée qui se détache de la voie principale et par lequel la grosse pièce venait prendre position sur sa plate-forme.

A droite, dans le bois, à 60 mètres, le rail conduit à celle plate-forme que les Allemands ont essayé de faire sauter avant de partir. La pièce de 380 avait été enlevée avant l'arrivée des troupes franco-américaines.

Sur la voie, on remarquera des trous dans lesquels les Allemands plantaient des arbres pour dissimuler la voie aux aviateurs. On pourra tourner dans l'allée qui se trouve 20 mètres après l'épi et l'on reviendra sur ses pas (1).

(1) Les touristes qui voudront faire une visite à la Bertha par une excursion spéciale partant de Château-Thierry, pourront regagner la ville en continuant à longer la voie ferrée au lieu de revenir sur leurs pas.

Ils passeront sur la voie ferrée, traverseront Bézu-Saint-Germain, passeront à nouveau au-dessus de la voie ferrée el, peu après, tourneront à gauche par la N. 37 qui les conduira directement à Château-Thierry.

On retrouvera le croisement de BRÉCY et on continuera tout droit en longeant le chemin de fer. Tourner à droite pour passer sous la voie ferrée au pont suivant; près du coude, à gauche, se trouvent des tombes françaises.

Le pont franchi, tourner à gauche vers COINCY.

Coincy et le village voisin de Bruyères furent repris par les troupes franco-américaines, les 24 et 25 juillet 1918.

A l'entrée du village, à la fourche de deux rues, prendre à droite.

Le village de COINCY qui conserve de nombreux vestiges du passé, est bâti sur le rû de Coincy ou Ordrimouille, petit ruisseau original et pittoresque qui se jette dans l'Ourcq. Son nom bizarre a sans doute une origine populaire : les murs d'enceinte du monastère fortifié plongeaient au sud dans le ruisseau et les moines y lavaient, y "mouillaient" leur linge, d'où l'Ordrimouille.

L'ORDRIMOUILLE A COINCY.
Au fond, l'église.

L'ÉGLISE DE COINCY.

L'ÉGLISE. DE BRUYÈRES : ABSIDE ET TRANSEPT.

Ce rû traverse le bourg de Coincy qu'il coupe en deux parties : la rive droite est la plus ancienne. De nombreux petits ponts jetés sur le ruisseau relient les deux parties (Photo ci-dessus).

Tourner à droite, sur l'un de ces petits ponts, donnant accès à la rue qui aboutit à l'Eglise.

L'Eglise romane (photo ci-dessus), malheureusement remaniée et ornée de malencontreux frontons pseudo-classiques, possède au-dessus du portail une superbe vierge en pierre du XIIIe siècle. A l'intérieur, la chaire en bois sculpté proviendrait, dit-on, de l'ancienne abbaye, derrière le maître-autel, un retable en bois à trois compartiments, du XVe siècle, représente les Saintes Femmes au tombeau et les Apôtres. Sur les murs de la nef, on voit encore des traces de peinture polychrome.

De l'église, sur la droite, on suivra à pied la rue du Dauphin (amorcée sur la photo ci-contre) où existe, dans la cour de la maison dite "ancien Hôtel du Dauphin" une crypte curieuse avec nef surbaissée soutenue par des piliers massifs et courts, qui semble dénoter une chapelle souterraine.

(Les clefs de celle maison sont déposées à la boucherie située au coin de la rue de l'Abbaye.)

Dans la rue de l'Abbaye, aux nos 43 et 45, on ira visiter LE COLOMBIER, un des vestiges de l'ABBAYE DE COINCY qui fut jadis célèbre et donna deux papes à la chrétienté : Urbain II et Martin V.

De retour à l'église, on prendra sur la droite la rue Cesson. A la sortie du village à gauche, le pavillon de la FERME DU SOLEIL est un des vestiges de l'abbaye. La route (G. C. 3) s'élève au-dessus de la vallée de l'Ordrimouille, puis pénètre dans un bois. A 4 kilomètres environ de COINCY, on rencontre, sur la gauche, une route (I/ C. 29) qui conduit à travers bois au village de Bruyères situé à environ 1 kilomètre ( Voir l'Itinéraire p. 56).

L'église de Bruyères (M.H.) mérite une visite spéciale. Le chœur et le transept, flanqué d'absidioles (photo ci-dessus), sont du début du XIIe siècle ; la nef et les bas côtés sont un peu postérieurs. Dans la deuxième moitié du XIIIe siècle, les deux dernières travées de la nef furent supprimées pour rétablir une communication entre deux chapelles au nord et au sud ; ces chapelles forment de véritables transepts gothiques en avant des croisillons romans. A l'extérieur, il faut signaler : les peintures du XIIIe siècle appliquées sur les vantaux d'un portail du XVIIe siècle : la corniche sculptée du XIIIe siècle; les chapiteaux des contreforts de la tour du XIIe siècle et ceux de l'absidiole nord ; ceux des colonnes de l'abside qui représentent des griffons au milieu d'entrelacs, des chimères parmi des rinceaux, des lions et des centaures; la double corniche de l'abside, décorée de motifs à trois feuilles, de masques d'animaux avec, au-dessus, des bêtes fantastiques enlacées de rinceaux. A l'intérieur, la nef a été remaniée à l'époque moderne.

La visite de BRUYÈRES et de son église terminée, revenir par le même chemin au G. C. 3 dans lequel on tournera à gauche pour se diriger sur Fère-en-Tardenois. On franchit l'Ourcq avant d'entrer dans la ville.

FÈRE-EN-TARDENOIS

Fère est très ancienne, bien qu'elle ne soit pas sans doute la "Fara" que Clovis donna à sainte Geneviève et par celle-ci à saint Remi. Au XVIIIe siècle, dans le parc de Fère, on trouva des médailles en or du Bas-Empire et beaucoup d'autres objets antiques, au milieu d'ossements humains. De nos jours, au lieu dit "la Sablonnière", des fouilles découvrirent des objets gaulois et gallo-romains ; un chef avait été enterré là sur son char. Dès le IXe siècle, Fère était la capitale du Tardenois.

Fère en 1914-1918.

FÈRE-EN-TARDENOIS, près des lignes de Fismes à Château-Thierry, de Fismes à Villers-Cotterets, Compiègne et de Villers-Cotterets à Senlis, au carrefour des routes qui rayonnent vers la Marne et la Vesle, vers la route de Soissons à Château-Thierry et celle de Dormans à Reims, est une position importante. Après la première bataille de la Marne, les troupes franco-britanniques réoccupèrent cette région le 10 septembre 1914, au soir. Le maréchal French eut son quartier général à FÈRE. La ville fut prise à nouveau par les Allemands, le 30 mai 1918. Pendant la contre-offensive de juillet 1918, les Allemands s'accrochèrent désespérément à cette position ; une longue et dure bataille se livra autour de la ville, particulièrement au nord-est et au sud-est, dans la région de Seringes, Nesles, Coulonges, Sergy, Cierges, Courmont, Bois Meunière et Ronchères. Dès le 18, les Alliés s'étaient approchés à moins de 15 kilomètres de Fère, mais, les jours suivants, la résistance allemande s'accrut. Le 19, dans la nuit du 19 au 20, l'aviation alliée bombardait et attaquait Fère, faisant sauter des dépôts de munitions ; le 21, elle bombardait la ville encombrée de troupes et de convois et allumait un immense incendie suivi de plusieurs explosions. Le 22, l'ennemi évacuait les terrains d'aviation de Cramaille et de Beugneux. Le lendemain, les troupes françaises s'emparèrent d'Armentières et de Bruyères à l'ouest du Bois de la Tournelle au sud, pendant que les Américains avançaient dans la forêt de Fère.

Le 27, les Allemands dominés battent en retraite, mais cherchent à résister sur la ligne de l'Ourcq. Ils détruisent les ponts, creusent des tranchées. Les 28 et 29, les troupes du 1er C.A. américain franchissent la rivière, enlèvent Ronchères, Sergy, Nesles, Seringes, pendant que les troupes françaises (62e D. I.) entrent dans Fère. Sergy est pris et repris quatre fois par les Américains , la résistance ennemie n'est brisée dans cette région que le 31 juillet ; deux divisions d'élite allemandes, 4e D. et 6e D. de la Garde, ne cèdent que pas à pas. Le 30, les Allemands contre-attaquent et reprennent la station de Fère, mais à droite les Américains de la 32e D.I. progressent, au nord de Ronchères et s'emparent, le 31, du Bois Meunière, de Cierges et de la Ferme Reddy ; le même jour, ils occupent Villome. Le 1er août, de bon matin, les Allemands contre-attaquent sur Seringes ; les Américains, refoulés, reprennent, peu après, le village d'assaut ; le même jour, les troupes françaises, à gauche, approchent de Saponay. Menacés d'être débordés par les Français à l'ouest et par les Américains à l'est, les Allemands se résignent à retraiter ; pendant que les Français les poussent vivement au nord-ouest de la ville, les Américains enlèvent Coulonges et s'avancent dans la Forêt de Nesles. La ligne de l'Ourcq est définitivement dégagée.

LES HALLES
avec leur couverture de vieilles tuiles.

LES HALLES,
avec leur couverture provisoire.

En venant de COINCY, on arrive, en allant tout droit dans Fère, à la place de la République, d'où l'on gagnera l'Eglise. Sur la place, se trouvent les anciennes Halles terminées en 1552 (Photos ci-dessus), dont la couverture de tuiles a été détruite par les obus.

L'ÉGLISE DE FÈRE-EN-TARDENOIS.

L'INTÉRIEUR DE L'EGLISE.

L'église, détruite pendant la guerre de Cent ans, fut reconstruite au XVIe Siècle, la nef, au début du siècle, le choeur plus tard et le clocher-porche, en pleine Renaissance (photos ci-dessus).

A l'intérieur, dans le bas côté gauche, est un monument funéraire du XVIIe siècle ; dans le bas côté droit, un banc d'œuvre sculpté. La chaire est décorée de figures sculptées des Evangélistes.

Le maître-autel à colonnes torses est en bois doré, surmonté d'une Adoration des Mages, par Vignon (1643), flanquée d'un tableau de Saint-Hubert et du portrait de Louis XIII guérissant un malade lors de son passage à Fère en mai 1635. L'autel en bois peint avec retable en bois sculpté, peint et doré, de 1664, qui, dans le côté gauche, sert de reliquaire aux ossements de sainte Macre, patronne de la Fère, provient de l'ancienne église de Courmont.

L'une des dernières fenêtres du bas côté sud conservait un vitrail du XVIe siècle.

Après la visite de l'église, revenir à la Grand'Place d'où l'on partira pour aller visiter le CHATEAU DE FÈRE, une des plus intéressantes curiosités de la région.

LE CHATEAU DE FÈRE.

LE PONT DE LA GALERIE D'ACCÈS AU CHATEAU FÉODAL.

Traverser la place en diagonale, venant de l'église, et prendre la route de Braine (G. C. 15), suivre celle route pendant 2 kil. 500 environ et après avoir dépassé un étang, prendre la 2e route à droite. On passe sous le pont monumental et on arrive devant la façade du château. Pour gagner le grand pont et le château féodal, on prend un chemin à gauche de la façade.

Le château de Fère.

Le CHATEAU DE FÈRE (Mon. Hist.), comprend actuellement d'anciennes dépendances restaurées et la forteresse.

Le château fut construit, à partir de 1206, par Robert de Dreux et Jean de Bretagne, sur un piton artificiellement isolé de la colline voisine.

Le connétable Anne de Montmorency, auquel il fut donné, en 1528, par François Ier, le transforma en une élégante et riche demeure d'habitation. De larges baies furent ouvertes dans les tours et les courtines ; l'entrée moyenâgeuse fut remplacée par le pont gigantesque, splendide galerie de 61 mètres de long, de 3 m. 30 de large, construite à 20 mètres de haut, peut-être par le célèbre architecte de la Renaissance Jean Bullant. Le portique d'entrée de la galerie est orné de sculptures mutilées, attribuées parfois à Jean Goujon. La longue voûte d'entrée du château mène dans un enclos entouré de huit tours ruinées (Photos ci-dessous).

LA GALERIE D'ACCÈS AU CHATEAU FÉODAL.

L'ACCÈS DANS LE CHATEAU FÉODAL PAR LA GALERIE DU PONT MONUMENTAL (voir p. 65).

Extérieurement, ces tours offrent au niveau de leur talus une particularité, dont on ne connaît aucun autre exemple : 3, 4 ou 5 lits d'assises sont disposés en dents d'engrenage.

Le château tombait en ruines, quand il échut à Louis-Philippe d'Orléans, dit plus tard Philippe Egalité, qui le fit démolir pour en vendre les matériaux en 1779.

Revenir à FÈRE-EN-TARDENOIS par la même route. On traversera FÈRE tout droit, en laissant les Halles à droite.

L'ÉGLISE DE SERINGES

On sort de FÈRE par le G. C. 2 et à environ 2 kilomètres, on laisse à gauche de la route, le village de SERINGES.

Un peu plus loin, se trouve un cimetière américain.

Avant d'atteindre le village de Nesles, on aperçoit sur la gauche, à environ 600 mètres, le vieux château. Le chemin qui y conduit étant assez mauvais, il est préférable de s'y rendre à pied.

Le Château de Nesles a une enceinte en murs de grès flanquée de six tours. La porte ouvrant dans la courtine nord est défendue par deux tours semblables. Le donjon ruiné s'élève au sud. Ce château fut construit, vers 1230, par Robert de Dreux, comte de Braisne. Messire Pierre de Rieux, maréchal de France, y fut emprisonné par Guillaume de Flavy, au XVe siècle et y fut assassiné par son geôlier. Ce Guillaume de Flavy, célèbre par ses cruautés, avait fait du château un repaire de brigands ; c'est lui qui livra Jeanne d'Arc aux Bourguignons, à Compiègne, dont il était devenu le gouverneur.

Le CHATEAU DE NESLES fut enlevé par les Américains après trois jours d'efforts, du 28 au 31 juillet 1918.

LE CHATEAU DE NESLES
(voir p. 68).

L'ENTRÉE DU CHATEAU DE NESLES, VUE DU HAUT DU DONJON.

Revenir au G. C. 2 et continuer à le suivre jusqu'au carrefour qui se trouve à la hauteur de Coulonges.

Aller jusqu'au village à 300 mètres a gauche. Il existait lors de l'invasion romaine. En 1838, des fouilles mirent à jour, des fondations gallo-romaines. Son château-fort, ainsi que son église, furent bâtis vers la fin du XIe siècle.

Le CHATEAU fut pris et brûlé par les Espagnols au XVIe siècle.

L'EGLISE a été remaniée à la fin du XIIe et au XVIe siècles. La façade, du XIIe siècle, s'est conservée intacte. Le clocher est du XIIe siècle.

Après avoir visité COULONGES, revenir au carrefour indiqué plus haut et suivre tout droit, par la G. C. 14 vers Chamery.

LE VILLAGE DE COULONGES.

Ce village fut repris par les Américains, le 31 juillet 1918, en dépit des efforts énergiques des Allemands pour défendre ce point d'appui.

À l'entrée de CHAMERY, à l'endroit où la route tourne à droite, prendre à pied, à gauche, le chemin de terre qui conduit, à 300 mètres environ, à la tombe du LIEUTENANT ROOSEVELT (Photo ci-dessous).

LA TOMBE DU LIEUTENANT AVIATEUR QUENTIN ROOSEVELT, PRÈS DE CHAMERY.

Après Chamery prendre à gauche (G. C. 14) vers Cierges. On aperçoit, sur la gauche, la FERME DE REDDY qui fut enlevée de vive force le 1er août 1918 par les Américains.

Sur le plateau à droite, se trouvait un camp d'aviation. On descend ensuite sur Cierges (Photo ci-dessous).

Le village de Cierges est célèbre dans le monde archéologique par les fouilles faites à CARANDA (1 kil. à l'ouest), où l'on a trouvé une vaste nécropole gauloise, gallo-romaine et franque.

L'ÉGLISE DE CIERGES.

LES ALLEMANDS ONT FAIT SAUTER L'ÉGLISE DE COURMONT.

CIERGES fut repris par les Américains le 31 juillet 1918 ainsi que SERGY au nord-ouest qu'ils perdirent et reconquirent trois fois.

Dans le village de CIERGES, tourner à droite vers COURMONT. On traverse l'Ourcq, puis on arrive au village de Courmont.

Devant ce qui reste de l'église (photo ci-dessus), on tournera à gauche, puis ou traversera tout droit le village.

Immédiatement à la sortie de la localité, tourner a gauche et à 500 mètres de là, à la fourche rencontrée, prendre à droite, vers le Charmel (G. C. 14 ).

On traverse un bois hâché par la mitraille : c'était un repaire d'artillerie allemande. A la sortie du bois, on aperçoit un chemin sur la gauche qui conduit au CHATEAU DE CHARMEL, à 300 mètres environ de la route.

C'est dans ce château que Pierre Bédacier, suffragant de Metz, fit venir Bossuet et se démit, avant sa mort, en faveur du futur évêque de Meaux, du prieuré de Gassicourt-lès-Mantes dans le diocèse de Chartres, dont il était prieur doyen. Bossuet dut plaider longtemps pour se faire confirmer la possession de ce prieuré, que lui disputèrent plusieurs concurrents, en l'accusant de manœuvres frauduleuses.

On arrive ensuite au village DU CHARMEL qui possède une église du XIIe siècle. Laisser l'église à droite, appuyer sur la gauche et prendre la route de droite (G. C. 3) qui se dirige vers la vallée de la Maine. Très belle vue dans la descente en lacets sur la rivière.

On arrive à Jaulgonne.

La région que l'on vient de parcourir à partir de COURMONT jusqu'à JAULGONNE, fut le théâtre de combats acharnés en juillet 1918.

De COURMONT A JAULGONNE, la route passe entre les FORÊTS DE FÈRE et DE RIS ; cette région fut reconquise par les troupes américaines de l'Armée Degoutte et la 73e D.I. française, à partir du 22 juillet 1918. La lutte y fut dure.

Les Allemands luttèrent là pied à pied pour gagner le temps de sauver leur matériel et organiser leurs lignes de repli.

Du 23 au 26, les Américains et le 38e Corps français (de Mondésir) s'emparèrent, après de longs combats, DU CHARMEL et de toutes les crêtes au nord.

Les Allemands se firent hacher dans la FORÊT DE RIS, où ils laissèrent, avec de nombreux cadavres, un abondant matériel de toute sorte.

Les jours suivants, les Alliés continuèrent de nettoyer la forêt dont la lisière nord fut atteinte le 29. Les Allemands furent bousculés jusqu'à l'Ourcq.

Traverser JAULGONNE en ligne droite.

La G. C. 3 longe la Marne. On arrive à Chartèves.

UNE BARRICADE ALLEMANDE, A LA SORTIE DU CHARMEL VERS COURMONT, SOUS LA PLAQUE MICHELIN (27 juillet 1918).

JAULGONNE.
Place de la Mairie.

 

La seule route tracée est celle que suit l'itinéraire (p. 56).

LES COMBATS SUR LA MARNE

Dans toute la région que l'on va parcourir jusqu'à CHATEAU-THIERRY, la lutte fut ardente sur les deux rives de la Marne.

Le 28 mai 1918, le deuxième jour de l'offensive allemande, le commandement allemand modifia son plan initial. Au début, il se proposait seulement d'atteindre les hauteurs au sud de la Vesle et de faire ensuite tomber Soissons et Reims. La résistance franco-britannique aux deux ailes et l'avance rapide des Allemands au centre, déterminèrent les grands chefs allemands et l'empereur à tenter la poussée vers la Marne (Voir p. 8).

Du 29 mai au 1e juin, le centre de la VIIe armée allemande s'efforce d'atteindre la Marne au plus tôt : "C'est une question d'honneur pour nous, déclare le commandant de la 231e D. le 29 au soir, d'atteindre la Marne demain." Deux divisions, jusqu'alors en deuxième ligne, sont intercalées entre les quatre divisions de première ligne. Et c'est alors la course à la Marne entre ces unités. Le 30 mai, la 231e D. atteint la première la rivière vers 14 heures entre BRASLES et MONT-SAINT-PÈRE ; la 28e D. pénètre dans JAULGONNE, à 18 heures. Le 1er juin, l'ennemi cherche à prendre pied sur les hauteurs de la rive sud de la Marne. On a vu qu'il ne put franchir la Marne à Château-Thierry, dont le pont fut détruit. A JAULGONNE, un bataillon de la 36e D. passe la rivière, dans la nuit du 31 mai au 1er juin et du 1er au 2. Des troupes américaines et françaises le rejettent sur l'autre rive ou le capturent dans la journée du 2. A partir du 3, l'ennemi renonce à sa tentative. Le calme s'établit sur ce point où les Américains continuent de monter la garde.

Le 15 juillet, pendant le "Friedensturm", les Alliés reçoivent résolument le choc allemand. Derrière un opaque rideau de fumée, favorisés de plus par le brouillard de la nuit, les pionniers allemands lancent des ponts et des passerelles sur la Marne. A partir de GLAND vers l'est, sur un front d'environ 20 kilomètres, une dizaine de ponts ont été lancés : les plus importants, ont 8 à 10 mètres de large. Devant MONT-SAINT-PÈRE, JAULGONNE, CHARTÈVES en particulier, les pontonniers allemands déploient de grands efforts (Voir p. 17).

A 4 h.45, pendant que les fantassins passent la rivière sur des barques et des pontons manœuvrés par des câbles d'acier d'une rive à l'autre, l'artillerie franchit les ponts et les passerelles. Les aviateurs français et américains, volant à 50 mètres, les attaquent, balaient les ponts de leurs rafales de mitrailleuses ; deux ponts, atteints par des bombes, s'écroulent dans la rivière avec les convois qui les franchissaient.

La ruée allemande réussit cependant, au prix de lourdes pertes, a prendre pied sur les pentes sud de la Marne. L'extrême droite allemande, partant de CHARTÈVES, a pour premier objectif des points à 8 ou 10 kilomètres au sud de la rivière. Son avance est arrêtée par les Américains qui obligent l'ennemi à repasser la rivière à l'ouest de Jaulgonne. Plus heureux à l'est de Jaulgonne, les Allemands progressent sur la rive sud de plusieurs kilomètres ; les Yanks font alors un crochet défensif et se battent face à l'est. Ils résistent brillamment jusqu'au 20 juillet, malgré les renforts allemands jetés dans la bataille ; la 3e D.I. américaine combat sans arrêt pendant neuf jours.

Le succès de la contre-offensive française du 18 juillet de Château-Thierry à Soissons soulage les Alliés de la violente pression qu'ils subissent et oblige l'ennemi à se replier sur la rive nord de la Marne. A leur tour Français et Américains passent à l'attaque. Le 21, ils franchissent la Marne et occupent MONT- SAINT- PÈRE, CHARTÈVES, JAULGONNE ; le 22, ils enlèvent les villages à l'est de Jaulgonne et poursuivent, comme on l'a vu précédemment, leur marche vers l'Ourcq.

L'ÉGLISE DE CHARTÈVES.
Au fond, la Marne et Mézy.

Traverser Chartèves. L'église se trouve à l'entrée du village, à gauche.

Continuer tout droit. Peu après on arrive à Mont-Saint-Père.

Le 3 septembre 1914, le 34e régiment d'infanterie français, en retraite vers le sud, se jeta dans MONT-SAINT-PÈRE déjà occupé par les Allemands ; s'ouvrit passage à la baïonnette, traversa la Marne, et, après avoir coupé le tablier du pont, put continuer son repli sans être inquiété.

Après être entré dans le village, à la bifurcation du G. C. 4 qui se dirige à droite vers EPIEDS et du G. C. 3 qui continue à gauche, vers CHATEAU-THIERRY, prendre le G. C. 4 pendant 200 mètres. On trouvera à gauche un chemin qu'on prendra à pied pour monter vers l'église. L'automobile reviendra prendre la route de CHATEAU-THIERRY et ira attendre le touriste à la sortie de MONT-SAINT-PÈRE, à l'endroit où le chemin venant de la hauteur, rejoint la route de CHATEAU-THIERRY,

VUE PANORAMIQUE SUR LA MARNE PRISE DE MONT-SAINT-PÈRE.

L'ancien CHATEAU DE MONT-SAINT-PÈRE avait été reconstruit au XVIIIe siècle, par un fermier général ; il était remarquable par la beauté de son architecture et son étendue.

Le touriste, après avoir joui de la vue panoramique sur la hauteur, descendra du côté opposé à celui par lequel il est monté et rejoindra la route de CHATEAU-THIERRY où la voiture est allée l'attendre. À la sortie de MONT-SAINT-PÈRE, à droite sur le coteau, se trouve un cimetière américain.

La route continue à longer la Marne. On traverse Gland tout droit, en laissant l'église sur la gauche.

Peu après on arrive à Brasles qu'on traverse et l'on regagne CHATEAU-THIERRY où l'on entre par la route de BRASLES et le quai de la POTERNE qui aboutit au pont sur la Marne, place du champ de Mars.

L'ÉGLISE DE BRASLES


La visite du champ de bataille, 2ème journée

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