DE MARCILLY A ÉTRÉPILLY (45 km)

par PUISIEUX, NOGEON, ACY, ÉTAVIGNY, BETZ, ACY, VINCY

Par la route directe, Étrépilly est à 4 km de Marcilly, mais nous faisons parcourir au touriste, avant d'atteindre Étrépilly, une boucle de 45 km qui permet de visiter le front de l'aile gauche française.

Arrivé à hauteur d'une râperie de betteraves, on rencontrera une bifurcation, dont on prendra la route de gauche. Autour de cette râperie il y eut des combats acharnés entre les troupes de la 56e division de réserve qui, maîtresses de Marcilly, essayaient d'enlever Étrépilly, et les Allemands qui défendaient pied à pied cette avancée de leur position principale.

La route franchit la Thérouanne, 50 m. plus loin, au croisement, on prend le chemin de droite qui monte vers la ferme de Champfleury (5 km). Du front, allant de la râperie à la ferme de Champfleury, la 56e division lança de nombreuses attaques sur la forte ligne constituée par Étrépilly et le plateau qui s'étend au nord du village; elle y brisa tous les retours offensifs des troupes allemandes.

FERME DE CHAMPFLEURY

Champfleury, dont la position dominante, montrée par la photo ci-dessus, était très importante, fut vigoureusement défendue, mais après deux assauts infructueux, elle fut finalement enlevée par les Français. Ils y furent soumis pendant deux jours à un bombardement intense venant d'Etrépilly, de Vincy et de Trocy, qui rendit difficiles et coûteuses toutes leurs tentatives pour en déboucher.

Les bâtiments de la ferme ont beaucoup souffert, l'habitation des propriétaires a eu ses pièces dévastées par les obus. La vue ci-dessous en montre la façade; les officiers qui figurent sur la photo appartenaient à la 56e division qui prit la ferme. Les fermiers avaient évacué Champfleury au début de septembre; quand ils revinrent, ils trouvèrent dans leur salle de jeux, mise en pièces, une inscription goguenarde signée d'un officier allemand regrettant qu'ils n'aient pu prendre part aux carambolages exécutés sur leur billard.

FERME DE CHAMPFLEURY

Pour entrer dans la ferme, prendre un petit chemin à droite et faire environ 100 m. On pourra sans doute voir encore dans les arbres du jardin les sièges variés qui y étaient dissimulés et qui servaient aux guetteurs.

De Champfleury, la route descend sur Puisieux. La vue ci-dessous montre la situation de ce village, dans un plissement de terrain. A l'arrière-plan, on aperçoit, au sommet du plateau, la ferme de Nogeon qui sera visitée au cours de l'excursion. Sur la gauche du touriste, en dehors des limites de la photo, est une dépression au delà de laquelle, dans une position symétrique de Champfleury (voir panorama "D", p. 111), apparaît la ferme de Nongloire. Du plateau qui porte cette ferme, l'artillerie française battait Champfleury et la position d'Étrépilly.

PUISIEUX VU DE CHAMPFLEURY

Sur la droite, également en dehors des limites de la photo, se distingue la FERME Dr POLIGNY vers laquelle on se dirige en prenant à droite, dans Puisieux, la rue de Poligny. Du chemin de Poligny fut prise la vue ci-dessous en septembre 1914. On y voit des fusils, des cartouches, des bandes de mitrailleuses abandonnés sur le champ de bataille, un tambour français, qui dut battre la charge lorsque les troupes du 7e corps, partant de Puisieux, montèrent à l'assaut de la ferme, soutenues par la 56e division descendant de Champfleury.

DÉBRIS DE LA A BATAILLE DEVANT PUISIEUX

La lutte fut acharnée car Poligny formait, comme Champfleury une position avancée de la ligne Vincy-Étrépilly et les Allemands la défendirent jusqu'à la dernière extrémité. Avant de l'évacuer, ils y mirent le feu.

La vue ci-dessous montre à quelle condition lamentable le bombardement et l'incendie ont réduit cette grande exploitation.

On ne voit ici qu'une partie de la cour, mais tous les bâtiments, ainsi que l'usine pour le traitement des betteraves attenante à la ferme, sont dans le même état.

FERME DE POLIGNY

De Poligny, les Allemands se retirèrent sur leurs positions du plateau d'Étrépilly qui est à l'arrière-plan de la photo, et la ferme devint un point d'appui précieux pour le 7e corps français.

La batterie allemande qui défendait Poligny ne put se replier tout entière, le feu des 75 français détruisit au moins une des pièces dont la photo est reproduite ci-dessous.

PIÈCE ALLEMANDE DÉTRUITE PRÈS DE POLIGNY

Après la visite. le touriste reviendra à la roule de Puisieux (8 km 5) en suivant le chemin pris à l'aller. On traversera le village en faisant un S qui laisse l'église à droite.

Puisieux marquait, dans le front français, le point de liaison entre la droite (groupe Lamaze ) et le centre (7e corps). Il reçut de nombreux obus des batteries de 77 installées sur la ligne Vincy-Étrépilly et des obusiers lourds du plateau de Trocy.

Après avoir dépassé l'église, le touriste arrivera à une petite place sur laquelle aboutissent plusieurs chemins. Il prendra celui de droite qui le conduira sur le plateau dominant Puisieux au nord. A gauche, on aperçoit la distillerie de Fosse-Martin, devant soi la ferme de Nogeon et sa râperie.

C'est à l'ouest de FOSSE-MARTIN, dans une chambre du château de Brégy que fut trouvé, abandonné, le drapeau du 72e régiment de Thuringe.

L'artillerie française, installée entre Fosse-Martin et Bouillancy, soutint une lutte terrible contre les batteries allemandes d'Étavigny, de Vincy et de Trocy. Le colonel Nivelle, futur généralissime, commandait le 5e régiment d'artillerie qui venait d'accomplir en Alsace de véritables exploits et qui donna à nouveau sur le plateau de Multien la mesure de son audace et de son entraînement.

FERME DE NOGEON

La ferme de Nogeon fut u des principaux centres de combat pendant les journées du 6 au 9 septembre. Prise par les Français après une lutte corps à corps, elle fut l'objet de plusieurs contre-attaques appuyées de violents bombardements qui la détruisirent complètement; mais le travail reprend vite ses droits et la vue ci-dessus montre la reconstruction en cours.

De Nogeon et des tranchées creusées alentour, les troupes du 7e corps gagnèrent Acy et s'efforcèrent d'atteindre Vincy. La progression vers cette dernière position, en terrain complètement découvert et sous une canonnade intense, fut particulièrement difficile. Il y eut de nombreuses actions de nuit. C'est au cours de l'une d'elles, dans une charge à la baïonnette, que le soldat Guillemard s'empara, le 7 septembre, après avoir transpercé l'officier porte-étendard, d'un drapeau appartenant au 36e fusiliers de Magdebourg décoré de la croix de fer en 1870. Guillemard reçut la médaille militaire des mains du général Gallieni. Comme, pendant la cérémonie, le jeune homme tremblait d'émotion, le général lui dit avec bonhomie: "Allons, embrasse-moi et figure-toi que je suis une jolie fille."

 

ÉGLISE D'ACY (Cliché M.H.)

ÉGLISE D'ACY

 

De Nogeon, la route descend sur Acy-en-Multien (14km5) dont on aperçoit le clocher élancé.

On passe sur la Gergogne et on traverse le village en suivant la grand'rue jusqu'à l'église (les XIIe et XIIIe siècles, classée monument historique. Cette église est sortie sensiblenient intacte de la lutte qui a ensanglanté le village.

La situation d'Acy, au fond d'une vallée, enlevait à l'observatoire qu'eut pu constituer le clocher, toute valeur pratique et les artilleries adverses le respectèrent.

On jettera un coup d'œil à l'intérieur de la vieille église aux piliers trapus, que montre la vue ci-dessus et on continuera à suivre la grand'rue en passant devant la mairie. On trouvera ci-dessous une vue du coffre-fort de la mairie qui fut dynamité par les Allemands pendant l'occupation.

COFFRE-FORT DYNAMITÉ PAR LES ALLEMANDS

Un peu plus loin, on rencontre le cimetière en face duquel est une grande tombe militaire

Le champ de repos d'Acy fut en effet trop petit pour contenir tous les braves tombés sur le territoire de la paroisse.

En face du cimetière, de l'autre côté de la route, se trouve le château où les Allemands cantonnèrent.

La vue ci-dessous ne donne qu'une faible idée de l'état dans lequel les propriétaires le retrouvèrent.

PIÈCE DU CHATEAU ou COUCHÈRENT LES ALLEMANDS

Le parc fut mis en état de défense et les Allemands y opposèrent une résistance tenace.

Le touriste prendra, en face du cimetière la route qui longe la grille du château; il tournera ensuite à gauche et suivra la route en lacets qui escalade le plateau d'Étavigny.

ACY VU DES HAUTEURS D'ÉTAVIGNY

C'est du dernier lacet de la montée qu'est pris le panorama ci-dessus dans lequel apparaît bien la vallée où Acy est bâti.

On se rend compte de la marche de l'action : les Français tenaient le plateau de Nogeon; les Allemands, la vallée et la hauteur où se trouve le touriste. Des troupes du 7e corps descendirent de Nogeon sur Acy et abordèrent le village de face, d'autres se coulèrent le long de la Gergogne et attaquèrent de flanc.

Après des combats acharnés dans les rues, dans le parc du château et dans les petits bois qui garnissent les pentes, les Allemands furent rejetés d'Acy sur les hauteurs d'Étavigny. Ils revinrent à la charge et chassèrent à leur tour les Français sur le plateau de Nogeon.

Le village passa ainsi plusieurs fois de main en main et ce terrible va-et-vient causa des deux côtés des pertes sanglantes.

Poursuivant son chemin vers Étavigny, le touriste repassera sur la position que les Allemands avaient établie sur le plateau.

L'infanterie et les mitrailleuses étaient retranchées le long de la route même; l'artillerie légère et lourde se trouvait dans la 'dépression à droite.

Elle criblait d'obus les positions françaises de Nogeon et recevait les feux des batteries dont les emplacements ont été signalés précédemment entre Fosse-Martin et Bouillancy.

En arrivant à Étavigny (18 km), le regard est attiré par l'église qui a terriblement souffert.

Le rôle que joua l'église d'Étavigny dans la bataille est tout autre que celui de l'église d'Acy. Par sa position dominante, en effet, elle assurait à l'observateur installé dans son clocher des vues précieuses sur les lignes françaises. Ce fut donc à coups de 75 que l'église fut mise en l'état que montrent les vues des pages 104 et 105.

ÉGLISE D'ÉTAVIGNY

ÉGLISE D'ÉTAVIGNY

Étavigny fut pris et repris au cours de la bataille de l'Ourcq. La lutte y fut rude, les Allemands opposant une résistance désespérée à la menace de débordement de toute leur ligne qu'aurait constituée une sérieuse avance française en cet endroit. ils parvinrent à refouler les troupes du 7e corps hors du plateau.

ÉGLISE D'ÉTAVIGNY VUE DU CIMETIÈRE

En prenant à droite la route qui touche l'église, on rencontre à 200 m. le cimetière que le bombardement a bouleversé. C'est par l'une des brèches qu'est prise la photo ci-dessous. Le moulin élévateur d'eau, à la gauche de la vue, a été criblé de balles.

D'Étavigny, le touriste pourra regagner Acy soit par le chemin qui a servi à l'aller, soit en suivant l'itinéraire que nous décrivons ci-après et qui fait parcourir une boucle enserrant la partie nord du champ de bataille. Dans le premier cas, la distance à Acy est de 3 km 5, dans le second, de 14 km.

Reprenant à l'église la route qui traverse le village, on continue tout droit sur BOULLARBE. Dans celle localité, tourner toujours à gauche et prendre la route de Betz. Dans la dépression, à gauche, étaient placées des batteries allemandes qui ajoutèrent leur action à celle d'Étavigny.

La route descend dans une vallée assez pittoresque. On franchit la petite rivière la Grivelle qui coule au fond, puis on traverse Antilly en tournant à droite à l'entrée et à gauche à la bifurcation qui se présente après la sortie. On arrive à Betz (26 km). Auprès de l'église on tournera à gauche.

Betz a peu souffert du canon, mais des maisons y furent brûlées par les Allemands, en particulier l'hôtel du Cheval blanc que montre la vue de la page 106 et que son enseigne permet encore de reconnaître.

HOTEL DU CHEVAL BLANC APRÈS L'INCENDIE

Le château fut occupé par un état-major or allemand qui le laissa dans un état lamentable. Au cours de la poursuite, des officiers français durent renoncer à y loger: l'un d'eux consigne dans son carnet de route : "Les officiers allemands ont laissé des traces dégoûtantes de leur passage; nous voyons dans des cuvettes des tranches de melon, avec la marque de leurs dents et d'énormes amas de bouteilles de vin vides et brisées."

Le touriste traversera Betz par la rue principale qui apparaît sur l'illustration ci-dessus; à l'extrémité de la localité, il continuera tout droit el passera sous le chemin de fer, laissant et droite la route de NANTEUIL-LE-HAUDOIN.

Ce dernier bourg n'a pas été compris dans l'itinéraire bien qu'il ait joué un rôle important dans la manoeuvre ultime de débordement de l'aile gauche française tentée par von Klück. La route pavée qui y conduit est mauvaise et les chemins permettant de regagner l'itinéraire sont très cahoteux. Nous donnons ci-dessous la vue d'un coin de ce champ de bataille. Elle donne une idée de la grande plaine qui s'étend de Betz à Nanteuil, où les 7e et 61e divisions françaises résistèrent avec une énergie désespérée aux attaques furieuses du IVe corps allemand. Les chevaux morts qui apparaissent sur la photo appartenaient à une batterie française. Les 75, à découvert, soutenaient l'effort des fantassins presque jusqu'au contact de l'ennemi.

LA PLAINE DE NANTEUIL-LE-HAUDOUIN

Après le passage sous le chemin de fer, la route monte sur le plateau. On rencontre bientôt, à droite, un monument commémoratif (vue page suivante).

MONUMENT DE BETZ

On traverse ensuite les bois de Montrolles où se distingua a particulièrement la 61e division, le soir du 8 septembre. Harassée de fatigue, ayant épuisé depuis deux jours ses vivres de réserve, elle parvint, cependant dans un suprême effort à chasser les Allemands.

Les bois de Montrolles franchis, on prend la route de gauche à la bifurcation qui se présente peu après.

Le touriste a, à sa droite, les hauteurs de Bouillancy où se trouvait l'artillerie française, à sa gauche le plateau d'Étavigny sur lequel étaient les batteries allémandes.

Une dépression où coule une rivière, sépare les deux positions entre lesquelles le duel d'artillerie fut intense, préparant et accompagnant les assauts d'infanterie qui se succédèrent du 6 au 9 septembre, avec des alternatives d'avance et de recul.

La route ramène ensuite à Acy en longeant le mur du parc du château. On repasse devant l'église, puis, à la sortie du village, on traverse la Gergogne. Immédiatement après le pont, ou prendra la roule de gauche sur Vincy (35 km 5). La photo ci-dessous montre que ce village a, lui aussi, souffert de l'incendie et du bombardement.

Après avoir traversé Vincy tout droit, on infléchit à gauche pour passer devant la distillerie de Manœuvre, laissant à gauche le hameau de ce nom et l'on gagne Étrépilly (41 km), en prenant la route du milieu au croisement qu'on rencontre environ 1 km après la distillerie.

Cette ligne Vincy-Étrépilly faisait partie du front principal de défense établi par les Allemands à l'ouest de l'Ourcq, jalonné plus au nord par les localités de Betz, Étavigny, Acy, qui viennent d'être visitées et, plus au sud, par la position qui a été vue sur le panorama "B" (p. 94). Sur tout le plateau qui s'étend à droite de la route, vers les fermes de Poligny et de Champfleury, les Allemands avaient creusé des tranchées et des abris de mitrailleuses. Dans le talus droit de la route, on voit encore les trous individuels où s'abritaient les tirailleurs.

La position fut attaquée du 6 au 9 septembre par la 63e division du 7 corps et la 56e du groupe Lamaze qui enlevèrent les avancées constituées par les fermes de Nogeon, de Poligny et de Champfleury, mais furent arrêtées sur la ligne proprement dite jusqu'au repli général allemand.

FERME BRULÉE A VINCY

Pour se rendre au point d'où est prise la vue ci-dessous, prendre le chemin de terre qui s'embranche sur la route de Vincy à Étrépilly, entre le monument commémoratif el le hangar incendié. C'est ce chemin qu'on voit traverser le panorama, au centre. Le touriste se trouve à l'extrémité sud de la position Vincy-Étrépilly, sur l'emplacement d'une batterie allemande qui fut fortement éprouvée par les 75 français. A l'arrière-plan, ou aperçoit le plateau de Trocy, séparé de la route par une dépression au fond de laquelle coule un affluent de la Thérouanne. Sur ce plateau de Trocy où la suite de l'itinéraire conduira le lecteur, les Allemands avaient installé une artillerie puissante composée de batteries lourdes et légères qui balayaient tout le champ de bataille depuis la ferme de Nogeon jusqu'à Barcy, en passant par Puisieux et Marcilly. Au delà de la vallée de la Thérouanne s'étend, au sud d'Étrépilly, la position dont les détails apparaissent dans le panorama "B" (p. 94). La vue s'étend jusqu'aux hauteurs boisées de Penchard qui s'estompent à l'horizon.

C. PANORAMA SURTROCY, ETRÉPILLY, LA THÉROUANNE.

Sur la croupe de terrain où se trouve l'observateur, eurent lieu des combats acharnés lors des attaques sur Étrépilly. Le 350e d'infanterie avait, une première fois, pénétré dans le village dans la matinée du 7 en suivant la vallée de la Thérouanne, mais, vivement contre-attaqué, avait dû se replier. Il revint à la charge à la nuit et s'éleva des bords de la rivière jusqu'au plateau. Il fut accueilli par les feux d'une section de mitrailleuses sur laquelle deux compagnies s'élancèrent à la baïonnette, Deux pièces furent prises. Les troupes françaises se maintinrent jusqu'à 10 heures du soir, mais durent finalement, devant les renforts qui affluèrent, redescendre la pente et repasser sur la rive droite de la Thérouanne.

Revenant à la roule d'Étrépilly, on passe devant le monument commémo ratif élevé par les troupes du génie en face du cimetière, au point où les combats d'Étrépilly atteignirent le plus haut degré d'acharnement. Une tombe militaire a été établie derrière le monument.

MONUMENT D'ÉTRÉPILLY

Les Allemands s'étaient retranchés dans le cimetière où ils parvinrent à enrayer l'attaque de nuit prononcée le 7 septembre par les zouaves. Le 21 régiment, parti de Barcy, atteignit le village et l'enleva à la baïonnette. Sans s'arrêter, les zouaves commencèrent l'escalade de la hauteur au pied de laquelle Étavigny est bâti.

Leur élan les porta jusqu'au cimetière. Accueillis là par un feu terrible de mitrailleuses, ils essayèrent de conserver la position, mais des renforts étant parvenus aux Allemands, ils durent abandonner le plateau, évacuer le village et revenir à leurs tranchées de Barcy. Le lieutenant-colonel Dubujatoux commandant le régiment fut tué; les trois quarts des officiers et la moitié de l'effectif tombèrent au cours de cette charge héroique.

En face du monument, un hangar incendié montre ses fers tordus. D'après certaines relations, les Allemands auraient brûlé dans ce hangar, avant d'évacuer la position le 9 septembre, les cadavres de leurs soldats tués dans les combats d'Étrépilly. Des habitants prétendent même qu'ils y auraient joint les grands blessés non transportables.

Nous croyons qu'en fait un grand bûcher de cadavres fut bien allumé à cet endroit par les Allemands qui brûlent généralement leurs morts lorsqu'ils n'ont pas la possibilité de les emporter, mais le hangar fut détruit par l'artillerie française qui canonna fortement, sur cette partie du plateau, la batterie de 77 qui s'y trouvait, le cimetière et les tranchées allemandes.

Dans le cimetière sont enterrés des braves qui furent tués en essayant de le conquérir.

Du cimetière, la route descend sur Étrépilly.

HANGAR INCENDIÉ

Tourner et droite au bas de la descente, dans Étrépilly, et, à la sortie du village, prendre la route de gauche; passer sur la rivière, tourner de nouveau à gauche pour suivre le chemin de terre qui monte sur le plateau. Après quelques centaines de mètres, le talus de droite disparaît. C'est de ce point qu'est pris le panorama "D" ci-dessous qui montre, du côté allemand, le champ de bataille visible, du côté français, sur le panorama "B" (p. 94).

D. PANORAMA DU CHAMP DE BATAILLE DE LA DROITE FRANÇAISE

Le chemin sur lequel se trouve le touriste rejoint les hauteurs de Varreddes. Bordé de tranchées et de mitrailleuses, il constituait la ligne principale de défense allemande au sud d'Étrépilly, les lignes avancées étant appuyées: la première, sur Penchard-Monthyon-hauteurs de Cuisy; la seconde, sur Chambry-Barcy-Marcilly. Sur ce théâtre d'opérations donnèrent : au sud de la route Marcilly-Étrépilly, la 55e division de réserve, la 45e division et la brigade marocaine; à Marcilly et sur le plateau nord d'Étrépilly qui se profile à l'extrême droite du panorama, couronné par la ferme de Champfleury, la 56e division de réserve.

UN COIN DU CHAMP DE BATAILLE

Partant des tranchées creusées hâtivement sur la ligne Chambry-Barcy-râperie de Marcilly, les troupes du groupe Lamaze devaient franchir, avant de pouvoir aborder les tranchées allemandes, deux kilomètres de terrain découvert, sous un feu terrible.

C'est dans une de ces attaques, partie de Barcy, que le chef de bataillon d'Urbal, frère du général, tomba à la tête de ses zouaves qu'il entraînait, la canne à la main. Il fut ramené dans les lignes françaises grâce au dévouement d'un des rares officiers survivants à l'attaque, aidé de deux chasseurs d'Afrique. Par suite de sa très haute taille le corps du commandant ne put être ramené à bras, il fallut le charger sur un cheval et c'est sous une grêle de balles que le groupe revint à Barcy. Un trou d'obus, dans le cimetière, servit de sépulture.

UN COIN DU CHAMP DE BATAILLE

Dans les contre-attaques, les Allemands sortant de leurs tranchées subissaient à leur tour des pertes sérieuses ainsi qu'on pourra s'en rendre compte en examinant la photo précédente prise en avant de la position.

Le touriste rentrera dans Étrépilly par le chemin qu'il vient de suivre; il laissera à droite l'église, qui a reçu quelques obus dans la toiture, et prendra à gauche la route de Trocy.


 D'Étrépilly à Meaux

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